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Pour en finir avec l’hypersexualisation

Hypersexualisation. Ce mot est sur toutes les lèvres, et depuis plusieurs années. Mais qu’entend-on par là ? Comment peut-on affirmer qu’une personne est « hypersexualisée » ?

L’insécurité d’attachement est reliée à des attitudes sexualisées.

Audrey Brassard, chercheure au Département de psychologie de l’Université de Sherbrooke, a mené des recherches pour corriger deux lacunes : l’absence d’outils pour mesurer l’hypersexualisation et le manque d’études sur le sujet réalisées auprès de jeunes adultes.

Avec son équipe, elle a élaboré le Questionnaire d’hypersexualisation adulte (QHA), qui permet d’évaluer six dimensions de cette question :

  • Le surinvestissement dans une apparence sexualisée, c'est-à-dire investir beaucoup d’efforts pour se rendre désirable;
  • L’objectification sexuelle, qui amène un individu à utiliser son corps comme un objet sexuel pour obtenir des avantages;
  • Le discours sexualisé;
  • La séduction;
  • La sexualité fondée sur la performance;
  • le sens peu intime accordé à la sexualité, c’est-à-dire le fait de ne pas concevoir que la sexualité est liée à l’intimité, aux sentiments amoureux ou à l’engagement.

Après avoir fait remplir son questionnaire à 872 hommes et femmes de 18 à 29 ans, la chercheure en est venue à des constats très nuancés. Par exemple, le fait que ces jeunes adultes aient un discours très sexualisé ressort comme un élément généralement positif. Cet atout leur permet de mieux communiquer à leurs partenaires leurs besoins et leurs préférences en matière de sexualité.

Les cinq autres dimensions ont trait à une plus faible satisfaction sexuelle et au sein du couple, surtout lorsqu’elles sont présentes à l’excès chez une personne. De plus, l’insécurité d’attachement, qui fait craindre de perdre son conjoint ou d’être abandonné, est reliée à des attitudes sexualisées.

Les résultats ont jusqu’à maintenant été présentés dans le cadre de colloques et surtout à des intervenants œuvrant dans les milieux scolaires et hospitaliers, et à des couples en difficulté. Cette recherche suggère qu’il faudrait peut-être délaisser le terme très péjoratif d’« hypersexualisation » et parler plutôt d’« attitudes sexualisées chez les adultes », en y apportant toutes les nuances qui s’imposent.