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Des microbes frileux?

On utilise souvent le froid pour tuer des bactéries indésirables en laboratoire, sous des paramètres contrôlés. Mais qu'en est-il dans la nature, où la température varie ? Quel est l'impact du cycle gel-dégel propre au Québec sur le comportement des micro-organismes ? Peut-on compter sur le froid pour restreindre, par exemple, la mobilité des bactéries lors d'un déversement de fumier près d'une source d'eau potable ?

Nathalie Tufenkji, professeure au Département de génie chimique de l'Université McGill, dirige la première équipe à s'intéresser à ces questions. Les réponses trouvées jusqu'à maintenant sont fort intéressantes : le cycle gel-dégel réduirait la mobilité de certaines bactéries et affecterait leur survie, mais il augmenterait leur virulence.

L'ingénieure espère que ses travaux amélioreront les règles de protection de l'environnement.

Aidée de ses collaborateurs Subhasis Ghoshal de l'Université McGill, Éric Déziel et Pierre Payment de l'INRS-Institut Armand-Frappier, et Sarah Dorner de l'École Polytechnique de Montréal, Nathalie Tufenkji mène ses analyses à la ferme du campus McGill et en laboratoire. Elle s'attarde aux bactéries Yersinia, E. coli et Salmonella. On retrouve toutes ces bacilles peu sympathiques dans les matières fécales des animaux – et donc, dans le fumier –, et certaines peuvent causer d'importants troubles gastro-intestinaux chez l'être humain.

Au cours de ses analyses, la scientifique observe d'abord comment réagissent ces bactéries dans des chambres froides en simulant les conditions en dents de scie qui règnent à l'extérieur. Elle compte ensuite mesurer leur variabilité naturelle sur le terrain après chaque hiver. À terme, l'ingénieure espère que ses travaux amélioreront les règles de protection de l'environnement, qui ne tiennent pas toujours compte de l'effet de la température sur les micro-organismes. Cependant, avant de faire des recommandations pour modifier la réglementation, Nathalie Tufenkji et son équipe effectueront d'autres tests de virulence, pour vérifier si les résultats obtenus reflètent un comportement global de toutes les bactéries ou si ce comportement est propre à certaines espèces.