/ La recherche au quotidien / Complots: qui dit vrai ?
Détecteur de rumeurs

Complots: qui dit vrai ?

Les articles du Détecteur de rumeurs sont rédigés par des journalistes
scientifiques de l'Agence Science-Presse. Les Fonds de recherche du Québec et
le Bureau de coopération interuniversitaire sont partenaires du Détecteur de rumeurs.

Auteur : Agence Science Presse - Pascal Lapointe et Maxime Bilodeau

Les théories du complot autour de la Covid sont nombreuses et ceux qui y adhèrent n’aiment pas l’étiquette « théories du complot ». Le Détecteur de rumeurs suggère donc un exercice: que ceux qui adhèrent à une des théories présentées ci-dessous démontrent aux adeptes d’une autre théorie, pourquoi la leur est plus valable que les autres. Si une entente se dégage, le Détecteur de rumeurs promet d’examiner les faits. 

Ces derniers mois, plusieurs observateurs ont répété combien il est important d’essayer d’entamer un dialogue avec un « complotiste » plutôt que de s’en moquer ou de l’insulter. Le Détecteur de rumeurs a lui aussi déjà écrit là-dessus.

Mais trouver un terrain d’entente peut prendre du temps: par exemple, si une personne refuse le port du masque parce qu’elle croit que la pandémie a été exagérée et que les gouvernements l’ont délibérément exagérée, faut-il commencer par lui parler d’études scientifiques sur le masque? De chiffres de la pandémie? Entamer une discussion sur les décisions des gouvernements ? D’un seul gouvernement? Les décisions d’il y a quelques mois ou celles d’il y a quelques semaines?

« Il sera d’abord utile de déterminer précisément ce que vous visez d’un échange avec une personne qui adhère à une idée que vous jugez aberrante » résumait Normand Baillargeon en juin. Il suggérait que, « plutôt que de présenter sa position et de la défendre, on écoute ce qu’avance l’autre personne »: soit on se retrouve en position de tenter de reformuler certaines de ses affirmations plutôt que de tout attaquer en bloc, soit on est en position d’admettre que, nous aussi, on est sceptique devant telle ou telle mesure gouvernementale. Il s’agit là d’un exemple d’entente, première brique à partir de laquelle on peut construire un dialogue.

Quels seraient les critères objectifs ?

L’autre difficulté, qu’illustre la compilation du Détecteur de rumeurs dans cette infographie, c’est que même si on croit à une première théorie, il arrive souvent qu’elle soit contradictoire avec une deuxième. Par conséquent, sur la base de quels critères objectifs devrait-on privilégier une plutôt que l’autre?

En résumé, si vous vous reconnaissez dans une des théories présentées dans cette image, ou si l’un de vos proches la reconnaît :

  • avez-vous des suggestions pour entamer un dialogue avec ceux qui adhèrent à une théorie qui contredit la vôtre ?
  • pouvez-vous dire en quoi l’autre théorie est moins valable que la vôtre, et ces critères permettraient-ils de rallier vos vis-à-vis?
  • avez-vous des critères objectifs qui permettraient au Détecteur de rumeurs de démontrer que votre théorie est la plus solide?
  • pouvez-vous proposer une démarche par laquelle « eux » et « vous » pourriez dégager un consensus ?

Deux objections à l'expression théorie du complot

Ces dernières semaines, des textes du Détecteur de rumeurs sur les théories du complot ont chaque fois généré dans les commentaires sur les réseaux sociaux les deux mêmes questions :

  • en employant l’expression « théories du complot », ne niez-vous pas le fait qu’il existe de vrais complots ?
  • risque-t-on d’étiqueter « complotiste » quiconque remet en question des décisions de la santé publique, par exemple sur le confinement ?

À la première question, la réponse est dans la définition d’une théorie du complot. Une telle théorie s’appuie sur l’existence « d’une personne ou d’un groupe extrêmement puissant », qui agit « dans le plus grand secret », et dont peu des affirmations peuvent être contredites: les partisans invoquent toujours des coïncidences, des anecdotes, des amalgames, mais jamais de preuves précises.

Suivant cette définition, la dissimulation de preuves par le gouvernement américain pour déclencher la guerre en Irak était donc bel et bien un complot, et non une théorie du complot: documents et témoignages à l’appui, on sait qu’il y a eu dissimulation et mensonge.

À la deuxième question, la réponse est que d’émettre l’opinion que le gouvernement y a été trop fort avec telle mesure de confinement, ce n’est pas une théorie du complot: c’est une opinion, qui peut être débattue sur la base des données dont nous disposons en ce moment. Ça ne devient une théorie du complot que si on commence à prétendre que le confinement est le résultat d’une vaste entreprise de dissimulation impliquant le gouvernement et les médecins, voire les scientifiques et les médias.

Pour en savoir plus sur les théories du complot entourant la COVID

bandeauDetecteur_siteFinal