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Anti-inflammatoires : tout est dans le timing

Après avoir subi une chirurgie, la plupart des patients prennent des anti-inflammatoires matin et soir. Cette prescription irait toutefois à l’encontre du processus naturel de guérison lié à notre horloge biologique, suggère la dernière étude de Faleh Tamimi Marino, professeur à la Faculté de médecine dentaire de l’Université McGill et codirecteur du Réseau de recherche en santé buccodentaire et osseuse. Les anti-inflammatoires devraient être pris en matinée seulement pour assurer un rétablissement rapide et complet.

Les anti-inflammatoires devraient être pris en matinée seulement pour assurer un rétablissement rapide et complet.

Le chercheur arrive à ce constat après avoir étudié deux groupes de souris ayant subi une fracture du tibia : un groupe a reçu des anti-inflammatoires pendant 24 heures, alors que l’autre en a reçu seulement le matin et des analgésiques le soir. Le soulagement de la douleur et la restauration osseuse ont été deux fois plus rapides et plus marqués chez les souris ayant pris la combinaison anti-inflammatoires-analgésiques.

Après une intervention chirurgicale, la réaction inflammatoire est un processus essentiel à la cicatrisation. En effet, elle permet de détruire les éventuelles bactéries autour de la blessure et de déclencher le travail des cellules réparatrices des tissus.

Cependant, comme tous nos processus biologiques, l’inflammation est cyclique. Par exemple, les lymphocytes, un type de cellules immunitaires particulièrement important pour la régénération des tissus, sont actifs le soir. En prenant des anti-inflammatoires en soirée, on empêcherait les lymphocytes de faire leur travail de guérison. Inversement, les neutrophiles, un autre type de cellules immunitaires, s’activent le matin. Dans leur lutte contre l’infection, ils causent de la douleur et de l’enflure. Ils peuvent aussi dégrader le tissu osseux. C’est donc pendant la journée que les anti-inflammatoires rempliraient le mieux leur rôle. Le Dr Marino, pour vérifier ces constats, conduit actuellement une étude clinique auprès de patients et patientes ayant subi l’extraction d’une dent de sagesse.

Selon lui, planifier la prise d’anti-inflammatoires selon l’horloge biologique pourrait aussi s’appliquer dans le cas de l’arthrite et… du coronavirus. En effet, les personnes décédées de la COVID-19 avaient beaucoup de neutrophiles dans le sang et peu de lymphocytes. Chez les survivants, c’est la situation opposée. Il ne faudrait donc pas interdire la prise d’anti-inflammatoires chez ces malades, mais plutôt ajuster le timing.