/ La recherche au quotidien / Vers un aménagement durable des forêts de pins ...
Capsules

Vers un aménagement durable des forêts de pins blancs

En raison de ses qualités exceptionnelles et de ses multiples usages, la population de pins blancs a été très affectée par la coupe sélective dès les débuts de la colonisation. Ce conifère était l’espèce la plus exploitée au Québec vers les années 1850, ce qui a entraîné une forte diminution de ses populations en 1890. Dans le cadre du projet d’Alison Munson, du Centre d’étude de la forêt (CEF), des chercheurs ont pu accéder à des carnets d’arpentage remontant au XIXe siècle, ce qui leur a permis de comparer la population de pins de l’époque à celle d’aujourd’hui, et de déterminer les conditions gagnantes pour assurer une croissance maximale de l’espèce.

Un tel aménagement, en plus de permettre de conserver le patrimoine forestier, pourra également s’avérer rentable économiquement.

Cette étude a entre autres démontré que la population actuelle de pins blancs est sept fois inférieure à celle que l’on trouvait au 19e siècle dans la région de la Mauricie. De plus, les chercheurs ont pu identifier à quels endroits précis les gestionnaires devraient prioriser la restauration de l’essence. Par exemple, les données montrent que le pin blanc se trouve présentement dans les endroits les moins fertiles et les moins accessibles, alors qu’il a disparu des sites les plus productifs.

Le CEF constitue un bon exemple des efforts interuniversitaires consentis au Québec. En accord avec les nouvelles lois provinciales en vigueur pour l’aménagement du territoire forestier, le Centre regroupe des chercheurs de plusieurs disciplines qui travaillent à mieux comprendre le fonctionnement des différents écosystèmes forestiers, afin d’assurer un aménagement durable de nos forêts. Un tel aménagement est dit « écosystémique », car il vise en priorité à préserver l’intégrité et la santé des écosystèmes.Les données recueillies sur le pin blanc et sur d’autres espèces surexploitées permettent d’établir un cadre général d’aménagement visant à restituer la diversité originelle de la forêt en termes d’espèces présentes et de structures. À long terme, une forêt diversifiée étant plus résiliente et plus résistante aux maladies et aux incendies de forêts, un tel aménagement, en plus de permettre de conserver le patrimoine forestier, pourra également s’avérer rentable économiquement, car il assurera un approvisionnement diversifié et continu des espèces.

Les compagnies forestières, telles que le partenaire du projet Produits forestiers Résolu, subissent une forte pression commerciale afin d’obtenir une certification à l’égard du respect de la biodiversité et de la productivité des forêts pour vendre leurs produits sur le marché, tant intérieur qu’international. L’inventaire historique du pin blanc mené en Moyenne-Mauricie par Alison Munson et son équipe, dont Eduard Mauri Ortuno, étudiant à la maîtrise et son co-directeur Frédérick Doyon (Université du Québec en Outaouais), constitue un bel exemple de collaboration réussie entre des chercheurs et l’industrie, dans le but de maintenir la diversité des essences des forêts exploitées.