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Vaincre l'Alzheimer ?

Toutes les cinq minutes, un Canadien développe l'Alzheimer, mais une lueur d'espoir pointe à l'horizon. Grâce à un vaccin, Serge Rivest, chercheur en neuro-immunologie et directeur du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec, espère, d'ici 25 ans, réduire de moitié le nombre de victimes de ce trouble cognitif.

Serge Rivest poursuit actuellement des essais en laboratoire avant de passer aux tests cliniques et, ultimement, de produire un vaccin pour traiter et prévenir l'Alzheimer.

De concert avec les scientifiques de la société pharmaceutique GlaxoSmithKline, le professeur du Département de médecine moléculaire de l'Université Laval a testé sur des souris souffrant d'Alzheimer une molécule d'origine bactérienne appelée « MLP ». Utilisée depuis longtemps comme additif dans les vaccins pour renforcer l'action de ceux-ci, elle semble stimuler la capacité du cerveau à se défendre contre une substance toxique pour nos neurones… et notre mémoire. « L'Alzheimer se caractérise par la production, dans le cerveau, de la toxine bêta-amyloïde, qui provient du mauvais métabolisme d'une protéine, explique Serge Rivest. En raison du vieillissement et d'un possible dérèglement cérébral, les cellules microgliales, qui sont les gardiennes du système nerveux, attaquent moins bien les molécules nocives, qui s'agglutinent alors en plaques séniles, ces dépôts qui sont à l'origine de la maladie. »

En étudiant l'immunité des souris, le chercheur remarque qu'il y a davantage de cellules microgliales chez les souris atteintes d'Alzheimer que chez celles qui sont saines. Il y voit un mécanisme naturel de défense cérébrale. Une hypothèse controversée, car la science voit alors le cerveau comme dépourvu de système immunitaire et attribue aux cellules microgliales la responsabilité de la maladie. « Dans un cerveau en santé, ces cellules aux allures de pieuvres détruisent efficacement et naturellement la toxine dès qu'elle est sécrétée, explique-t-il. D'où l'idée de stimuler leur production pour contrer le développement des plaques séniles et, possiblement, de l'Alzheimer. »

Et il semble que le chercheur soit sur la bonne voie ! La molécule MLP est apparemment efficace et sans effets secondaires. Elle a réussi à éliminer 80 % de la bêta-amyloïde dans le cerveau des souris malades. Serge Rivest poursuit actuellement des essais en laboratoire avant de passer aux tests cliniques et, ultimement, de produire un vaccin pour traiter et prévenir l'Alzheimer. Une bonne nouvelle pour les 1,4 million de Canadiens qui en seront atteints d'ici 2030 !