Près d’un quart (24,2 %) des 3 239 parents interrogés déclarent avoir consommé du cannabis depuis la naissance de leur enfant, et environ 20 % en ont fait usage au cours de la dernière année. Si une large majorité de parents québécois (72 %) jugent socialement inacceptable qu’un adulte soit sous l’effet du cannabis en s’occupant d’un enfant, ce taux de désapprobation est largement porté par le sous-groupe majoritaire de non-consommateurs. À l’inverse, la plupart des parents ayant consommé du cannabis dans la dernière année considèrent que la substance n’a pas d’effet négatif sur leurs capacités parentales Entre 13% et 31% d’entre eux estiment même qu’elle améliore leur disponibilité, leur compréhension et leurs interactions avec leur enfant. Les intervenants travaillant auprès des familles semblent entretenir des perceptions similaires, puisque près de 20 % des répondants jugent acceptable l’usage récréatif de cannabis lorsqu’un parent prend soin d’un enfant. L’étude révèle par ailleurs la diversité des formes d’usage de cannabis chez les parents : allant d’une consommation occasionnelle à l’extérieur du foyer (environ la moitié des consommateurs) jusqu’à une consommation quotidienne en présence des enfants (près d’un quart d’entre eux). Les résultats soulignent un paradoxe : alors que la majorité des parents non-consommateurs perçoivent des effets délétères liés à l’usage parental de cannabis, une proportion importante de consommateurs récents en minimise, voire en valorise, l’impact. Cet écart dans les perceptions suggère une normalisation progressive du cannabis, y compris dans des contextes parentaux sensibles, et appelle à une vigilance accrue quant aux risques potentiels pour la relation parent-enfant et le développement des enfants. L’étude confirme que l’usage de cannabis par les parents n’est pas un phénomène marginal et souligne la nécessité de mener de nouvelles recherches empiriques, tout en développant des stratégies de promotion de la santé et du développement des jeunes adaptées à cette réalité.
Chercheur principal
- Nicolas Berthelot, Université du Québec à Trois-Rivières, Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et la famille (CEIDEF)
Cochercheuses et cochercheurs
- Karine Dubois-Comtois, Carl Lacharité, Diane St-Laurent, Tristan Milot, Anne-Marie Leclerc
CEIDEF, Université du Québec à Trois-Rivières
Collaboration
- Jinny Poirier-Plante, étudiante au doctorat en psychologie (UQTR)
- Marie-Ève Grisé-Bolduc, agente de recherche (UQTR)



