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Une astrophysicienne autochtone à Hawaï

Depuis toujours, Laurie Rousseau-Nepton a la tête dans les étoiles. Enfant, elle passait de longues soirées à observer les constellations avec sa famille. Son père avait alors prédit qu’elle serait astronaute. Il avait presque vu juste : sa fille a choisi la voie de l’astrophysique, pour examiner de plus près ces astres qui la fascinent. Elle est devenue par ailleurs la première femme autochtone québécoise à décrocher un doctorat dans ce domaine. La scientifique prend ce titre au sérieux et souhaite enseigner aux jeunes filles autochtones, ainsi qu’à toutes les femmes, qu’il ne faut pas hésiter à viser les étoiles.

Sur les traces de l’Univers

Récemment, Laurie Rousseau-Nepton a pris le chemin d’Hawaï pour aller scruter le firmament en tant qu’astronome résidente au télescope Canada-France-Hawaï et stagiaire postdoctorale à l’Université d’Hawaï. La jeune femme a été sélectionnée pour son expertise avec le spectromètre imageur SITELLE, qui permet notamment d’étudier les étoiles au sein des galaxies en « photographiant » leur signature lumineuse caractéristique. Elle peut ainsi « distinguer » des étoiles naissantes qui, par rapport au soleil âgé d’environ cinq milliards d’années, n’en ont que… quelques millions !

L’instrument a vu le jour entre autres grâce au projet de doctorat de Laurie Rousseau-Nepton, mené sous la direction de Carmelle Robert à l’Université Laval. « Durant mes études, j’ai travaillé sur le prototype de SITELLE, nommé SPIOMM. J’ai analysé des tas de données astronomiques pour repérer les problèmes techniques de la caméra », raconte celle qui forme et assiste aujourd’hui les astrophysiciens et les astronomes du monde entier qui utilisent le télescope Canada-France-Hawaï. SITELLE permet à ces scientifiques d’analyser plusieurs objets célestes comme les nébuleuses et les galaxies, afin d’en déterminer la composition chimique, la vitesse de déplacement, la température et la densité. Tout cela dans le but de mieux comprendre les mécanismes de formation des étoiles et l’évolution chimique de l’Univers.

Croire en son étoile

Au télescope, Laurie Rousseau-Nepton fait partie d’une équipe en poste de sept astronomes, dont quatre femmes. C’est la première fois qu’elle côtoie autant de femmes dans une équipe. « Durant mon baccalauréat en physique, nous étions trois étudiantes sur une cohorte de 33, raconte l’astrophysicienne. À la maîtrise et au doctorat, j’ai été la seule fille pendant plusieurs années. » Durant son parcours universitaire, elle a souvent senti qu’elle devait faire ses preuves en tant que seule femme – autochtone en plus – dans son domaine. Cette situation l’a rendue plus forte et lui permet d’affronter fièrement les commentaires parfois misogynes à son égard. Par exemple, son embauche au télescope a été vue par certains comme un moyen, pour l’Observatoire Canada-France-Hawaï, d’atteindre la parité, sous-entendant que les femmes n’avaient pas été recrutées pour leurs compétences. Aujourd’hui, l’astronome n’hésite pas à parler de ce cheminement et de ses expériences aux jeunes filles, en particulier aux autochtones qui vivent sur une réserve. Son message : il ne faut pas se limiter aux emplois disponibles dans les réserves; il y a une « galaxie » de possibilités à explorer. Il suffit d’avoir foi en son étoile, de la suivre et de la faire briller… comme l’a fait Laurie Rousseau-Nepton !


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