Le tabagisme parental n’est pas sans conséquences pour la santé des bébés et des enfants. L’exposition à la fumée secondaire nuit à leur développement. Cela se traduit notamment par de plus hauts taux de faible poids à la naissance, de mort subite du nourrisson et de maladies pulmonaires, tel l’asthme, chez cette population. Pire encore : la progéniture d’une personne qui fume est quatre fois plus à risque d’elle-même en griller une plus tard dans sa vie. Le Dr Olivier Drouin, pédiatre et chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, a contribué à la mise au point d’une intervention de cessation tabagique taillée sur mesure pour les parents afin de briser ce cercle vicieux.
L’équipe du Dr Drouin a procédé à l’évaluation coût-efficacité du programme CEASE (pour Clinical effort against secondhand smoke exposure). L’originalité de cette intervention tient au fait qu’un dépistage systématique du tabagisme a lieu lorsque les parents font appel au système de santé pour les soins de leur enfant. Ceux ou celles qui souhaitent écraser n’ont donc pas à entreprendre une démarche de cessation tabagique; l’aide clinique leur est offerte à un moment charnière. L’analyse de CEASE se base sur les données recueillies auprès de 3054 parents d’enfants ayant fréquenté des bureaux de consultation pédiatrique dans cinq États américains, soit la Virginie, l’Ohio, la Caroline du Nord, le Tennessee et l’Indiana.
L’équipe du Dr Drouin calcule qu’il en a coûté au système 1132 dollars américains de plus par parent qui a cessé de fumer grâce à CEASE au terme d’un suivi de deux ans par rapport aux soins habituels. Ce coût supplémentaire pour chaque arrêt de la cigarette est cependant contrebalancé par une baisse marquée de la prévalence tabagique, baisse attribuable au programme, comparativement à d’autres interventions cliniques d’abandon du tabac. Le Dr Drouin et son groupe travaillent maintenant à répéter l’expérience en contexte canadien, qui diffère de celui des États-Unis. Cette approche novatrice pourrait en outre être transférée à d’autres enjeux de santé publique, telle l’adoption de saines habitudes de vie.