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Un pansement « peau sur peau »

Il est maintenant possible de changer de peau ! Des chercheurs du Centre de recherche du CHU de Québec ont mis au point un nouveau pansement cutané pour soigner les ulcères veineux et les brûlures graves. Une innovation qui permettra d'éviter des années de souffrance aux victimes de ces plaies récalcitrantes et d'épargner à la société des milliers de dollars en soins de santé.

Depuis près de 30 ans, le docteur François Auger et ses collègues du Laboratoire d'organogénèse expérimentale (LOEX) cultivent in vitro des pièces de rechange pour le corps humain. De la peau, principalement, mais aussi des vaisseaux sanguins pour réparer, remplacer et éventuellement régénérer des tissus endommagés.

Depuis près de 30 ans, le docteur François Auger et ses collègues du Laboratoire d'organogénèse expérimentale cultivent in vitro des pièces de rechange pour le corps humain.

Leur plus récente réalisation : un pansement cutané bilamellaire – ou bicouche – qui stimule les mécanismes naturels de guérison pour traiter les ulcères veineux, ces plaies réfractaires et douloureuses qui touchent les membres inférieurs. Ils viennent d'ailleurs de compléter, fin 2013, la première étude clinique démontrant l'efficacité de ce traitement. Cette preuve de concept leur permet d'entrevoir son utilisation chez les grands brûlés.

Pour concevoir ce bandage nouveau genre, il faut prélever un centimètre carré de la peau du patient, séparer les cellules, puis les cultiver en laboratoire afin de fabriquer un substitut cutané comprenant un derme (couche profonde) et un épiderme (couche superficielle). Après huit semaines de culture, les feuillets cutanés sont déposés sur les ulcères comme un pansement. « Cette double couche de peau s'adapte bien aux tissus peu vascularisés comme les endroits osseux, explique le Dr Auger. Elle accélère la guérison, et le résultat esthétique est sans pareil. »

Cependant, le temps de culture de cette peau bilamellaire est trop lent, notamment pour les grands brûlés, qui doivent être greffés rapidement. L'équipe du LOEX travaille donc à réduire la durée de fabrication et les coûts de production, afin qu'un jour, le pansement bicouche devienne le traitement par excellence.