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Un créateur d’énergie renouvelable nommé Agrosphère

Le consortium Agrosphère est né il y a sept ans dans les fermes d’Olivier et de Sébastien Lépine, producteurs de porcs et de céréales dans la région de Lanaudière. Ces agriculteurs avaient le souci d’exploiter leurs terres de façon responsable tout en valorisant les résidus et en diversifiant leurs produits. Ils ont alors décidé de travailler avec l’équipe de Simon Barnabé, titulaire de la Chaire de recherche industrielle en environnement et biotechnologie de la Fondation de l’UQTR.

Agrosphère est un projet de recherche modulaire – c’est-à-dire que la recherche réalisée dans chaque module est indépendante et peut avoir différentes applications – et vise la valorisation des résidus agricoles par la production de produits dérivés multiples. Il se concentre actuellement sur la production de sucres cellulosiques « de deuxième génération », de bioéthanol, de produits alimentaires pour le bétail, de bioplastiques et de granules de chauffage, tous réalisés à partir des résidus du maïs.

Les biocarburants peuvent complémenter – voire remplacer – la combustion d’énergie fossile pour nos voitures.

L’idée est de récolter les résidus du maïs, c’est-à-dire la tige, les feuilles et le cœur de l’épi, et d’en extraire les trois principales composantes (cellulose, hémicelluloses et lignine) de façon à les transformer en ingrédients ou en produits commercialisables et en coproduits utilisables sur place, tout en limitant leur impact environnemental. Par exemple, la cellulose est convertie en sucres simples qu’on laisse fermenter pour produire du bioéthanol. Les sucres d’hémicelluloses, quant à eux, servent à l’alimentation du bétail, et peuvent aussi entrer dans la fabrication de bioplastiques.

Une fois mis en place, Agrosphère assure un revenu supplémentaire et stable aux agriculteurs. Il garantit également l’utilisation des terres agricoles à des fins alimentaires plutôt que bioénergétiques, en remplaçant le grain comme matière première dans la production de bioéthanol par des résidus de cultures agricoles. À elles seules, les retombées de la production de bioéthanol sont importantes. En effet, les biocarburants peuvent complémenter – voire remplacer – la combustion d’énergie fossile pour nos voitures. Agrosphère compte implanter de petites usines pouvant produire annuellement jusqu’à 12 millions de litres de bioéthanol, soit l’équivalent de plus de 200 000 réservoirs d’essence pour les voitures. Même si de cinq à dix ans seront nécessaires pour créer le premier emploi dans une telle usine, l’expertise d’Agrosphère a déjà un impact très important au Québec. En effet, l’UQTR et ses collaborateurs détiennent des connaissances et un savoir-faire en bioraffinage à l’échelle communautaire et forment des techniciens, des scientifiques et des ingénieurs convoités par plusieurs groupes œuvrant dans ce domaine en émergence.