Pour saisir ce qui se passe dans le milieu aquatique, il faut d’abord comprendre le territoire. Cette question intéresse tout particulièrement François Guillemette, professeur au Département des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Trois-Rivières, qui a voulu remonter presque à la source primaire du carbone, lors du contact de l’eau avec l’écosystème terrestre, soit la pluie sur les arbres qui jouent le rôle de véritables bassins versants verticaux.
Lorsqu’il pleut, l’eau ruisselle sur les feuilles, le long des branches et des troncs. Elle se gorge alors de nutriments, comme un sachet de thé qui infuserait ses arômes. Ces flux d’eau demeurent toutefois mal compris : qu’est-ce qui reste dans les sols? Que retrouve-t-on dans les cours d’eau?
Pour étudier ce cycle du carbone, François Guillemette a ciblé huit espèces (cinq feuillus et trois conifères) dans trois sites: un en milieu urbain dans le sud de la province (sur le campus de l’UQTR) et deux autres sites forestiers à des latitudes nordiques (au lac Laflamme et à Saint-Félicien). Il a procédé à un échantillonnage par année durant trois ans, y compris des mesures de la morphologie des arbres (angle des branches, rugosité du tronc, etc.). Les données récoltées pendant l’hiver étaient particulièrement précieuses, car elles sont encore peu disponibles, malgré de plus en plus d’épisodes de pluie durant la saison froide.
Les données récoltées suggèrent que les feuilles ne jouent pas un grand rôle dans le transfert de carbone, mais qu’elles servent plutôt à canaliser l’eau vers les branches. L’eau qui descend le long du tronc, elle, est plus « aromatique » que celle qui coule à travers la canopée. Par ailleurs, le carbone contenu dans l’eau qui a percolé à travers les feuillus est plus accessible pour les micro-organismes dans le sol que celui qui est issu, par exemple, de la décomposition des troncs.
Dans l’optique où les changements climatiques entraîneront un changement dans la composition des forêts, comment les puits de carbone évolueront-ils et quel impact cela aura-t-il sur les communautés microbiennes dans le sol? Par ses recherches, François Guillemette espère contribuer aux modèles prédictifs, permettant ainsi d’entrevoir les conséquences de ces changements.
DOI: https://doi.org/10.69777/287968
Référence
Dalcher-Gosselin, Isabelle (2023). Influence de la morphologie des arbres sur la répartition des précipitations et du carbone organique dissous en forêts tempérées et boréales. Mémoire. Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières.