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Triathlon, cancer et génie mécanique

Elle a complété cinq Défis Ironman et s’est qualifiée trois fois pour représenter le Canada aux Championnats du monde de triathlon longue distance. Ces exploits, Delphine Périé-Curnier, professeure au Département de génie mécanique de Polytechnique Montréal, les partage avec son conjoint, Daniel Curnier, professeur au Département de kinésiologie de l’Université de Montréal, et leurs deux garçons âgés de 11 et 12 ans. En 2011, toute la famille Curnier a participé aux Championnats du monde au Nevada. Les enfants faisaient même partie des plus jeunes coureurs sur la ligne de départ !

« Préparer un Ironman, c’est très exigeant », souligne la chercheuse. Et pourtant, elle et son conjoint y arrivent en jonglant avec leurs agendas de chercheurs et avec les horaires d’école de leurs rejetons. Ils ont même poussé leur passion jusqu’à l’inclure dans un projet de recherche. « La communauté des triathloniens cherche constamment à améliorer l’aérodynamisme à vélo, explique la professeure. Actuellement, les ingénieurs travaillent beaucoup sur le cadre et sur les pièces du vélo, mais très peu sur les conséquences de la position du pédaleur, faute d’outils. » Le couple Curnier tente donc de développer et de valider un ensemble de technologies qui permettront d’optimiser l’ensemble des performances biomécaniques, physiologiques et aérodynamiques d’un cycliste. Delphine Périé-Curnier s’occupe de la partie simulation informatique et son époux s’intéresse à l’aspect physiologie.

Diminuer le risque de problèmes cardiaques

Les conjoints utilisent une approche semblable pour étudier l’effet de la chimiothérapie sur le cœur des enfants souffrant d’un cancer. « Les statistiques montrent que beaucoup de problèmes cardiaques surviennent 10 à 15 ans après les traitements », révèle la scientifique. Elle suit donc une cohorte de 250 jeunes qui sont en rémission de la maladie. Alors que son époux mesure leur santé cardiaque à l’effort, Delphine Périé-Curnier utilise l’IRM pour observer le cœur de près. « On voit que la chimiothérapie change la structure et la direction des fibres du cœur, ce qui peut diminuer la fonction cardiaque avec le temps », explique la chercheuse. Son objectif ? Développer des outils d’imagerie et de modélisation pour détecter ces changements de façon précoce afin d’intervenir rapidement. « On pourrait alors tester de nouvelles modalités de prévention telles que l’entraînement cardiovasculaire, qui diminuerait le risque de problèmes cardiaques à l’âge adulte », avance-t-elle.

Entre deux continents

Delphine Périé-Curnier a développé son expertise en imagerie médicale en France, son pays natal, après avoir fait un doctorat en génie mécanique et trois postdoctorats en biomécanique à l’Université Queen’s, à l’Hôpital Sainte-Justine et à l’Université du Vermont, et avoir donné naissance à ses deux enfants. « J’ai terminé cette spécialisation à cheval sur deux continents, car je suis revenue à Montréal pour occuper un poste de professeure à Polytechnique », raconte celle qui a également dû repasser ses examens d’ingénieur pour obtenir ce titre professionnel au Québec.

Aujourd’hui, elle transmet à ses étudiants son savoir plus théorique acquis en Europe, combiné à sa formation pratique réalisée en Amérique. Mais, plus que tout, elle offre aux jeunes une vision féminine de la profession d’ingénieur mécanique, car elle fait partie des quatre seules femmes de son département, qui compte 40 professeurs !


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