
Du genre stressé?
La chercheuse a ensuite poussé ses réflexions plus loin : et si le genre, comme l’orientation sexuelle ou le rôle exercé dans la société, pouvait aussi influencer le stress? Avec son étudiant au doctorat Robert-Paul Juster, elle a sondé les interactions entre le sexe, le genre et le stress chez des travailleurs et travailleuses. Résultats : les employés, hommes ou femmes, qui adoptent des rôles considérés comme masculins (affirmation de soi, sens de la compétition) présentent de plus fortes concentrations d’hormones de stress. L’orientation sexuelle a aussi un effet. Les hommes homosexuels stressent de la même façon que les femmes hétérosexuelles, alors que le stress des femmes homosexuelles se compare à celui des hommes hétérosexuels. Par ailleurs, sortir du placard est bénéfique pour la santé mentale : moins d’hormones de stress, de symptômes d’anxiété, de dépression et de « burnout ».
Aujourd’hui, ces observations servent notamment aux psychologues pour orienter les thérapies. Sonia Lupien prend d’ailleurs très à cœur le transfert de connaissances auprès des professionnels, mais aussi du grand public. « Je me suis levée un matin et j’ai décidé de propager mes résultats scientifiques sur un site Internet auquel mes étudiants participent bénévolement », dit cette scientifique qui a été placée en 2003 dans le top 10 des Canadiens qui font une différence par la revue MacLean’s. Elle y parle de différents aspects du stress, notamment celui relié au choix de carrière dès la 5e secondaire. « Les jeunes doivent arrêter de stresser sur ce qu’ils veulent faire. Il faut choisir nos études en fonction de ce qu’on aime avant tout. La vie va se charger de nous amener vers la carrière qui réunira nos talents et nos passions », croit cette femme qui n’a découvert son amour pour le stress et son envie de devenir chercheuse… qu’à sa deuxième année de doctorat en neurosciences.




