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SOS urgences rurales

Attention! Si vous êtes victime d’un traumatisme alors que vous vous trouvez dans la campagne québécoise, à la suite d’un accident d’auto par exemple, vous avez moins de chances de vous en remettre qu’en ville. « La mortalité dans les urgences rurales québécoises est au moins deux fois plus élevée qu’en milieu urbain pour ce genre de blessures », révèle Richard Fleet, titulaire de la Chaire de recherche en médecine d’urgence de l’Université Laval et responsable de l’étude sur les iniquités dans les soins d’urgence et la traumatologie en milieu rural au Canada. Les raisons expliquant ces données choquantes sont encore mal connues, mais on pointe du doigt les moyens et les services limités des petits hôpitaux ruraux.

« La mortalité dans les urgences rurales québécoises est au moins deux fois plus élevée qu’en milieu urbain pour ce genre de blessures. »

Si la situation inquiète au Québec, elle affecte encore plus le reste du Canada. « Il y a de gros écarts entre les provinces », constate Richard Fleet. D’un océan à l’autre, moins de 20 % des hôpitaux ruraux seulement disposent d'un scanner, d'un chirurgien et d'un anesthésiste de garde 24/7 ainsi que de soins intensifs. Au Québec, ce chiffre grimpe à 80 %. Nos 26 urgences rurales sont les mieux équipées du pays! Par contre, avec les réformes, les spécialistes locaux s’épuisent, car les médecins dépanneurs se font rares. Notre modèle pourra-t-il continuer à soutenir les milieux ruraux? « Il faut agir, car près de 20 % de la population québécoise et canadienne vivent en région, signale Richard Fleet. Environ 4 millions de consultations ont lieu annuellement dans les urgences rurales canadiennes, dont 400 000 au Québec. »

Étonnamment, c’est la première fois qu’un chercheur se penche sur la réalité des urgences rurales dans le cadre de travaux aussi détaillés. Richard Fleet et son équipe ont notamment analysé les données épidémiologiques de 70 000 patients admis pour des traumatismes entre 2009 et 2013. Ils ont également comparé l‘équipement disponible dans les urgences rurales canadiennes et étudié la mortalité de causes cardiovasculaires et cérébrovasculaires dans ces établissements. Les chercheurs entament maintenant Urgences Rurales 360, une vaste étude de mobilisation de patients, citoyens, décideurs et professionnels de la santé afin de récolter leurs propositions de solutions pour améliorer les urgences en région. Richard Fleet divulguera les fruits de cette réflexion le 18 avril 2018 à Québec, lors du premier sommet sur l’urgence rurale au Québec.