Chez les personnes schizophrènes, l’une des raisons pouvant expliquer la survenue de symptômes comme les délires et les hallucinations serait leur difficulté à utiliser correctement le contexte à l’intérieur duquel les évènements se produisent. Essentiellement, ce dernier fournit ce supplément de sens sans lequel nous ne pourrions répondre de façon cohérente et prévisible aux situations dans lesquelles nous nous retrouvons. Ainsi, le contexte est nécessaire à un bon fonctionnement mental, car il assure une parfaite continuité de l’expérience consciente.
Toute prometteuse et originale soit-elle, l’hypothèse de l’influence du contexte sur les symptômes schizophréniques n’est cependant pas encore validée. C’est là le défi que se donne, pour les quatre prochaines années, Mathieu Brodeur. Son objectif principal est de développer toute une batterie d’expériences innovatrices qui lui permettront, par exemple, d’observer, chez ces patients, les influences du contexte sur la recherche visuelle de cibles et la reconnaissance d’objets.
Différentes techniques seront mises à contribution, certaines permettant de mesurer les mouvements oculaires sous-jacents à la recherche d’éléments contextuels, d’autres d’enregistrer l’activité cérébrale. Une attention particulière sera évidemment portée à la relation entre les dysfonctions alors observées et les symptômes hallucinatoires ou délirants. Précisons en terminant que l’idée même de cette relation repose sur des observations faites en clinique et sur des résultats d’expériences portant sur l’attention visuelle et l’interférence.