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Révolutionner la greffe de rein grâce à l’intelligence artificielle

Les Québécois en attente d’une greffe de rein doivent s’armer de patience : il faut en moyenne 641 jours avant que Transplant Québec puisse leur offrir ce précieux organe. Et encore faut-il recevoir un bon rein! Certains greffons provenant de donneurs décédés risquent en effet de fonctionner moins longtemps que d’autres, notamment à cause de l’âge et de l’état de santé du donneur. Faut-il refuser ces organes et rester sur la liste d’attente? Pas nécessairement, puisqu’ils représentent une bonne solution de rechange à la dialyse pour certains receveurs. Par exemple, un homme de 75 ans pourrait avoir avantage à accepter un rein plus à risque provenant d’un donneur âgé souffrant d’hypertension, au lieu d’espérer indéfiniment celui d’un jeune homme en pleine forme. Selon Héloïse Cardinal, néphrologue-transplantologue, chercheuse au Centre de recherche du CHUM et professeure à l’Université de Montréal, il faut tenir compte des caractéristiques du donneur, mais aussi de celles du receveur – l’âge, la quantité d’anticorps, le temps passé en dialyse – qui influent sur la réussite de la greffe.

Il faut tenir compte des caractéristiques du donneur, mais aussi de celles du receveur, qui influent sur la réussite de la greffe.

Comment traiter ces données pour décider s’il est préférable d’accepter un rein « à risque » ou de le refuser dans l’espoir d’un organe de « meilleure qualité » dans un délai raisonnable? Comment présenter cette information médicale de façon claire au patient et à son médecin, sachant qu’ils doivent prendre rapidement cette décision? En exploitant l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique des ordinateurs.

La Dre Cardinal s’est alliée à Andrea Lodi, professeur titulaire au Département de mathématiques et de génie industriel de Polytechnique Montréal et titulaire de l'unique Chaire d'excellence en recherche du Canada sur la science des données pour la prise de décision en temps réel, pour analyser le profil d’une importante cohorte d’Américains qui ont reçu une greffe entre 2000 et 2015 et modéliser la durée de vie des reins transplantés selon divers facteurs, notamment les caractéristiques des donneurs et des receveurs. Les chercheurs ont développé des algorithmes mathématiques d’apprentissage automatique qui estiment la survie d’un greffon. À partir des données de Transplant Québec, ils veulent aussi calculer les probabilités, pour un receveur, que l’offre soit meilleure s’il choisit de refuser un rein. Les premiers modèles de calculateur sont présentement au banc d’essai, mais Héloïse Cardinal estime qu’ils aideront les patients et les transplantologues à choisir le bon rein, optimisant par le fait même la gestion des greffons.