Les coupes à diamètre limite effectuées dans les forêts feuillues québécoises avant la mise en œuvre du régime forestier de 1987 consistaient à enlever prioritairement les arbres de bonne qualité, souvent vigoureux, de façon à approvisionner de façon optimale les usines de sciage et de déroulage. En retournant dans ces forêts, on constate maintenant que ce type de coupe a produit des peuplements composés de nombreux arbres de mauvaise qualité. Selon les principes du jardinage, qui est maintenant le régime sylvicole privilégié, ce sont ces arbres qui devraient être prioritairement récoltés. Toutefois, le grand volume de bois de mauvaise qualité jumelé à un coût de transport élevé et au nombre limité d'usines intéressées par ces bois font en sorte qu'un jardinage respectant les règles de l'art n'est que peu ou pas rentable. Ainsi, l'état actuel d'une grande partie des forêts feuillues constitue un frein à l'application d'une sylviculture qui permettrait d'améliorer la qualité de ces peuplements.
Ce projet avait pour objectif général de trouver des solutions pour réhabiliter le massif forestier feuillu. L'approche était d'abord basée sur une meilleure compréhension des facteurs qui influencent la rentabilité des opérations d'approvisionnement des usines. Elle visait ensuite la mise au point de procédés de transformation des bois de faible qualité axés vers des usages non traditionnels.
Les résultats d'une étude de cas ont montré que les arbres les moins vigoureux furent récoltés en priorité lors d'une coupe de jardinage industrielle, ce qui témoigne d'un effort de restauration de la forêt. Toutefois, nous avons observé un biais important pour la sélection des plus grosses tiges. Bien qu'une telle pratique soit susceptible de réduire les coûts unitaires des opérations forestières, il est possible qu'elle affecte la structure des peuplements forestiers.
De plus, la stratégie pourrait réduire la qualité des approvisionnements aux usines, puisque nous avons remarqué un déclin de la valeur moyenne des produits transformés contenus dans un arbre à partir d'un diamètre d'environ 50 cm. Nos travaux ont permis de confirmer le potentiel d'utilisation des arbres de moindre qualité vers des usages non traditionnels en suivant une approche de bioraffinage.
En effet, nos travaux ont confirmé que le bois et les écorces de bouleau jaune et d'érable à sucre peuvent constituer un apport notable de polyphénols, de triterpènes et de stérols possédant un potentiel économique dans les domaines nutraceutique, pharmaceutique ou cosméceutique.
Par la suite, le bois et les écorces extraites seraient au moins aussi aptes à servir pour la production d'énergie que le matériel non extrait. Les arbres de faible vigueur pourraient même s'avérer une source de biomasse plus intéressante que les arbres sains pour la production de granules. L'approche de bioraffinage envisagée pourrait éventuellement créer une demande pour du bois de moindre vigueur, ce qui faciliterait la mise en place de pratiques sylvicoles visant la réhabilitation de la forêt feuillue.
Chercheur principal : Alexis Achim, Université Laval
Titre original : Réhabilitation des forêts feuillues dégradées par la valorisation du bois de faible qualité