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Quelle est la définition de l’intérêt public pour les auditeurs législatifs?

L’audit législatif est considéré comme un outil important de gouvernance publique. Chaque rapport du vérificateur général du Québec ou du Canada renferme son lot de recommandations et de critiques. À cause de leur retentissement médiatique, ces rapports mettent les gouvernements sur la défensive et les obligent à corriger le tir. Mais comment cet exercice sert-il vraiment l’intérêt public? En fait, on dénombre assez peu de recherches sur le rôle et l’efficacité de l’audit législatif. La notion d’intérêt public elle-même reste mal définie.

Marie-Soleil Tremblay a contribué à définir la notion d’intérêt public.

Marie-Soleil Tremblay, chercheuse à l’École nationale d’administration publique, a mené un projet de recherche visant à mieux comprendre la structure, le fonctionnement et les défis de l’audit législatif. Elle a d’abord procédé à une analyse comparée dans le but de dresser un portrait de l’audit législatif, avant d’approfondir la compréhension du travail des vérificateurs sur le terrain. Elle a ainsi contribué à définir la notion d’intérêt public et à mieux expliquer l’audit de performance et son impact relatif sur la gouvernance.

Ses travaux montrent notamment que les auditeurs ont des définitions différentes de ce qu’est l’intérêt public. Au Canada, l’Auditing and Assurance Standards Oversight Council utilise des notions comme la transparence, l’imputabilité ou l’indépendance pour évaluer si une action ou une politique va dans le sens de l’intérêt public. Aux États-Unis, l’American Institute of CPAs définit ce dernier comme le bien-être collectif de la communauté et des institutions. Au Royaume-Uni, l’Institute of Chartered Accountants in England and Wales se refuse à établir une définition détaillée de l’intérêt public. Ces trois visions modifient forcément l’audit.

Loin d’un simple exercice technique, l’audit législatif repose sur une série de notions théoriques et socialement construites que l’on interprétera différemment selon le contexte social ou politique dans lequel on le réalise. Mieux définir ces notions permet de comprendre dans quelles conditions ces exercices serviront le mieux l’intérêt public.

Les recherches théoriques de Marie-Soleil Tremblay trouvent écho dans l’actualité politique. La chercheuse est intervenue dans les médias, notamment pour commenter la dissidence de l’ancien vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, dans le rapport final de la Commission Charbonneau. Elle soulignait que cette dissension reposait sur l’analyse que celui-ci faisait de la preuve qu’il avait devant lui en tant qu’auditeur et que ce genre de dissidence pouvait donc être normale dans ce type de processus.