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Quand l’ONU consulte des chercheuses québécoises

Lorsqu’une catastrophe naturelle, une épidémie ou un conflit fait des victimes, il faut rapidement acheminer du secours vers les endroits qui ont été frappés. Afin d’être toujours prêts à intervenir, les partenaires de l’ONU, des organisations humanitaires comme CARE ou OXFAM, misent sur six gros entrepôts dans lesquels ils peuvent déposer leurs marchandises. Celles-ci vont des équipements électriques aux filets antimoustiques, en passant par les abris temporaires et les médicaments.

Un entrepôt secondaire situé en Afrique de l’Est permettrait-il de réduire les coûts sans affecter le niveau de service?

Le United Nations Humanitarian Response Depot (UNHRD) est un réseau d’entrepôts stratégiques mis à disposition par l’ONU. On les trouve dans divers endroits – aux Émirats arabes unis, au Ghana et en Italie, par exemple –, mais il n’y en avait aucun en Afrique de l’Est. Or, cette région est régulièrement touchée par des crises nécessitant de l’aide, notamment dans des pays comme le Soudan ou la Somalie, mais y acheminer du matériel par avion est coûteux. Un entrepôt secondaire situé en Afrique de l’Est permettrait-il de réduire les coûts sans affecter le niveau de service?

Marie-Ève Rancourt et Julie Paquette, professeures au Département de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal, et chercheuses au Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport (CIRRELT), ont été chargées par l’UNHRD de répondre à cette question, avec l’aide précieuse d’Émilie Dufour, alors étudiante à la maîtrise.

En 2014 et 2015, elles ont évalué l’intérêt d’installer un entrepôt à Kampala, en Ouganda. Cela ferait-il vraiment économiser de l’argent? Quels pays pourraient être rejoints dans un délai raisonnable? Pas facile de répondre à de telles questions avec peu de données, puisque l’entrepôt n’existait pas encore et que l’on ne savait pas à quels types de crises il devrait répondre…

Pour surmonter ces obstacles, les trois chercheuses ont développé un modèle mathématique et utilisé la simulation pour évaluer les coûts logistiques d’un réseau potentiel en fonction de divers scénarios. Résultat : elles ont estimé qu’un entrepôt ougandais réduirait les coûts de 21% en moyenne. L’UNHRD a donc décidé d’aller de l’avant avec ce projet, et a installé un entrepôt près de Kampala.