La famille et la paternité se transforment depuis plusieurs années et certains pères intègrent des groupes d’entraide afin de mieux aborder leur nouveau rôle. Comment ces activités transforment-elles leur conception de la masculinité et de la paternité ?
Interrogés quant à leurs motivations, les pères monoparentaux expliquent qu’ils recherchent le répit, la socialisation et du soutien.
En 2017, Dominic Bizot, chercheur et directeur à l’Unité d’enseignement en travail social de l’Université du Québec à Chicoutimi, a mené une série d’entrevues semi-dirigées auprès de onze pères de plus de 30 ans issus de huit groupes d’entraide de différentes villes du Québec.
Interrogés quant à leurs motivations, les pères monoparentaux expliquent qu’ils recherchent le répit, la socialisation et du soutien en raison d’une rupture, d’une situation conflictuelle ou de procédures juridiques qui les opposent à leur ex-conjointe. Les hommes vivant en couple sollicitent plutôt des enseignements, des échanges et du partage d’expérience. Tous demandent des solutions concrètes sur le plan des références à des ressources, de la gestion des émotions et des conseils sur l’éducation des enfants.
Le chercheur a noté qu’au départ, les hommes s’intègrent passivement au groupe. Ils observent et écoutent, et ne commencent à s’ouvrir aux autres que lorsqu’ils constatent certains bienfaits tels le réconfort, le ressourcement et le mieux-être. Beaucoup d’entre eux créent des liens durables avec d’autres membres du groupe.
Au chapitre des effets observés, les activités de valorisation, de partage et d’introspection amènent les hommes à se percevoir plus positivement. Ils ressentent moins de pression et de culpabilité par rapport à leur rôle de père. Les relations avec la mère de leurs enfants, de même qu’avec leurs enfants et leurs propres parents, deviennent plus harmonieuses.
La recherche a révélé qu’il est très difficile d’organiser de tels groupes d’entraide, notamment en raison d’un manque de financement. Les travaux de Dominic Bizot contribuent à développer les connaissances sur la situation des pères et sur ce type de rencontres. Elles aideront à convaincre les gouvernements de la pertinence des groupes d’entraide.