Les zones côtières ont une grande valeur, notamment dans le marché de l’immobilier, mais elles sont très vulnérables aux effets des changements climatiques. Face à ces périls, les propriétaires de terrains privés et ceux qui possèdent des terres publiques déploient des stratégies bien différentes.
Cette contradiction émerge de récents travaux de Dominic Lapointe, chercheur au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal. Il a analysé les cas de Tadoussac et de Notre-Dame-du-Portage, deux destinations très prisées, où les propriétés immobilières en bordure du fleuve ont une très grande valeur.
En plus d’observations sur le terrain, l’équipe du chercheur a réalisé des entrevues semi-dirigées et une analyse du discours des propriétaires de terrains publics et de terrains privés quant aux mesures d’adaptation aux changements climatiques.
Résultat : l’organisation des valeurs foncières dans notre société influe beaucoup sur le choix des méthodes d’adaptation. Ainsi, les propriétaires privés optent pour des approches réactives et très orientées vers les infrastructures construites. Certains, par exemple, bâtiront un mur de protection après que leur propriété aura été touchée par une tempête particulièrement forte. La stratégie consiste généralement à fermer l’espace privé pour en protéger, voire en augmenter, la valeur marchande. La réflexion de ce côté s’effectue sur une base très individuelle.
À l’inverse, les gestionnaires de terrains publics se penchent sur les infrastructures vertes. La Ville de Notre-Dame-du-Portage mise, par exemple, sur le génie végétal et la revégétalisation pour protéger deux parcs municipaux. La réflexion sur l’adaptation des terrains publics est aussi plutôt collective, comme le démontre le récent dépôt du projet de parc national des Dunes-de-Tadoussac devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Les travaux de Dominic Lapointe montrent l’importance de tenir compte du régime foncier dans la discussion sur les stratégies d’adaptation aux changements climatiques.
Référence :
Lapointe, D., Lebon, C., & Guillemard, A. (2020). Space in transformation: Public versus private climate change adaptation in peripheral coastal tourism areas—Case studies from Quebec, Canada. International Journal of Tourism Research, 22(2), 238-251.