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Produire le biohydrogène autrement

La Politique énergétique du Québec vise à augmenter de 50 % la production de bioénergie. Or, pour atteindre cette cible ambitieuse, le biohydrogène est un gaz très prometteur. Actuellement, on le produit par fermentation en nourrissant certaines bactéries avec des résidus organiques (fruits, légumes, fumiers, etc.). La digestion de leur « lunch » émet du biohydrogène qui peut être utilisé directement comme combustible, par exemple, dans un moteur conventionnel ou encore dans une pile à combustible, afin de produire de l’électricité et de la chaleur. Patrick Drogui, spécialiste en électrotechnologie à l’INRS Centre Eau Terre Environnement, propose d’améliorer la « recette » de production du biohydrogène en combinant l’électrolyse au processus de fermentation.

L’électrolyse a donc un effet catalytique sur la fermentation, et ce, sans que l’on doive ajouter de produits chimiques.

Le chercheur a démontré qu’en agençant certains types d’électrodes – des conducteurs électriques – et de bonnes bactéries, on peut non seulement augmenter l’émission de biohydrogène, mais aussi produire des molécules de base comme le biobutanol, qui peut être utilisé dans le développement de biocarburants et comme ingrédient dans les cosmétiques.

Pour en arriver là, le chercheur s’est associé à des experts en fermentation pour faire une revue de la littérature sur les bactéries qui réussissent le mieux à convertir une matière organique en biohydrogène. Il a ensuite testé plusieurs combinaisons de bactéries et d’électrodes. Lors des essais en laboratoire, Patrick Drogui et son équipe ont ainsi réussi à quintupler le taux de production du biohydrogène par rapport au processus de fermentation conventionnelle.

L’électrolyse a donc un effet catalytique sur la fermentation – c’est-à-dire qu’elle augmente la vitesse du processus –, et ce, sans que l’on doive ajouter de produits chimiques. Pour le chercheur, le prochain défi consistera à démontrer la rentabilité énergétique et l’efficacité de cette méthode à l’échelle préindustrielle.