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Prédire l’Alzheimer cinq ans avant ?

La dégénération et la mort des cellules cérébrales qui mènent à l’Alzheimer débutent 10 à 20 ans avant que n’apparaissent les premiers symptômes de la maladie. Et si on pouvait prédire les risques qu’une personne développe l’Alzheimer jusqu’à cinq ans avant ? C’est le pari que s’est lancé Mallar Chakravarty, chercheur au Centre de recherche de l’Hôpital Douglas, affilié à l’Université McGill.

Mallar Chakravarty croit qu’en détectant de façon précoce la maladie, on pourrait ralentir son développement en changeant certaines habitudes de vie.

Avec des collègues de l’Université de Toronto, il mise sur l’intelligence artificielle pour prédire si les facultés cognitives d’une personne évolueront peu probablement, probablement ou très probablement vers l’Alzheimer au cours des cinq prochaines années.
Les chercheurs ont développé un algorithme qui intègre les données cliniques de 800 personnes, soit les résultats de tests cognitifs, l’information sur la présence ou non de génotypes qui augmentent le risque d’Alzheimer de 4 à 8 fois, ainsi que les résultats d’imagerie. À partir de cet ensemble de données, l’algorithme a appris à trouver les signes d’un déclin cognitif en cherchant la signature subtile de la maladie dans le cerveau et derrière les résultats cliniques.

L’algorithme a été testé avec succès auprès d’une cohorte de personnes en Australie. En entrant dans un logiciel les nouvelles données cliniques de ces sujets, l’algorithme a pu modéliser leur trajectoire individuelle vers l’Alzheimer. Les chercheurs vont répéter l’exercice avec un groupe de 500 Québécois et Québécoises ayant un déclin de la mémoire. Ils assureront un suivi 4, 6 et 10 ans plus tard pour valider l’exactitude des prédictions.

Mallar Chakravarty croit qu’en détectant de façon précoce la maladie, on pourrait ralentir son développement en changeant certaines habitudes de vie ; par exemple, faire davantage d’exercice, mieux manger, réaliser des exercices cognitifs, arrêter la consommation d’alcool.

Persuadés du potentiel de leur méthode, les chercheurs discutent avec une compagnie intéressée à développer un outil convivial qui pourrait être utilisé par les médecins en clinique.