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Naissance et déclin du marché volontaire du carbone

Au Québec, la compensation des émissions de carbone (par exemple, financer la plantation d’arbres pour compenser une activité économique) a d’abord fait l’objet d’un marché volontaire animé par des réseaux d’acteurs privés, avant d’être réglementée par le gouvernement de la province.

Aujourd’hui, le marché public et réglementé du carbone a pris le dessus sur le marché volontaire.

René Audet, chercheur en sociologie de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal, a étudié l’évolution de ces réseaux, afin de comprendre comment le marché du carbone s’est structuré. Avec son équipe, il a créé une base de données des entreprises privées et des organisations du marché volontaire, et observé leurs interactions entre 1999 et 2015, période pour laquelle il a identifié quatre étapes d’évolution.

1999 à 2002 – Mise en place. Peu d’entreprises et d’organismes prennent alors part au marché volontaire et ceux qui le font participent surtout à des projets-pilotes.

2003 à 2006 – Croissance. Plusieurs projets de compensation du carbone sont initiés par les participants au marché volontaire, qui utilisent beaucoup les outils internationaux développés dans le cadre du protocole de Kyoto pour quantifier les émissions de GES.

2007 à 2010 – Apogée. Les projets de compensation du carbone adoptés au cours de la période précédente battent leur plein. Toutefois, moins de nouveaux projets sont lancés. Ce ralentissement coïncide avec l’échec de la conférence de Copenhague de 2009 sur les changements climatiques (qui devait renouveler le protocole de Kyoto) et ébranle la confiance des acteurs du marché volontaire.

2011 à 2014 – Éclatement. Les acteurs savent que le gouvernement provincial est sur le point d’intervenir et d’imposer sa propre approche en instaurant le Système québécois de plafonnement et d’échange de droits d’émission (SPEDE), qui sera obligatoire. Plusieurs délaissent le marché volontaire.

Aujourd’hui, le marché public et réglementé du carbone a pris le dessus sur le marché volontaire. L’étude de cette évolution fait avancer les connaissances sur la sociologie des réseaux et son rôle dans la transition vers une économie sobre en carbone.