Pendant plus d’un siècle, professeurs et étudiants de l’Université McGill ont scruté le ciel et noté les moindres variations de la météo à l’Observatoire météorologique de McGill, avant que le relais ne soit pris par une station automatique. Des millions de données ont ainsi été consignées à la main dans de grands cahiers entre 1863 et 1992. Si une partie de celles-ci avait déjà été transcrite, plusieurs, comme la vitesse des vents, la qualité de la neige pour la glisse ou la pression, ne l’avaient pas été.
L’Observatoire de McGill est le plus vieux du Québec et le deuxième plus ancien au Canada. Pour pouvoir exploiter la richesse de ces données historiques, le professeur Frédéric Fabry, du Département des sciences atmosphériques et océaniques et de l’École d’environnement de l’Université McGill, a amorcé en 2018 un vaste projet de retranscription de ces données.
Estimant la tâche à 50 000 heures, soit une vie entière de travail, l’équipe a décidé de faire appel aux citoyens. Pour faciliter le transfert, les livres ont d’abord été numérisés. Les météorologues ont collaboré avec des archivistes pour établir la marche à suivre et s’assurer de respecter l’intégrité des données historiques. On a ensuite développé une plateforme de retranscription qui est maintenant utilisée par d’autres équipes de recherche au Canada, et les transcripteurs ont été formés pour détecter toute irrégularité dans les données originales.
À ce jour, environ 25 % de données météorologiques ont été transcrites. Les chercheurs et chercheuses ont également profité du processus pour se pencher sur les motivations des participants à l’égard de cette science citoyenne. À l’exception de quelques passionnés de météo ou météorologues à la retraite, transcrire des colonnes de chiffres et des notes manuscrites est en effet moins passionnant que d’autres activités de science citoyenne comme documenter les papillons. Plusieurs activités et stratégies pour encourager la persévérance ont été mises en place, par exemple, retranscrire les données cumulées à sa date d’anniversaire.
Alors que nous vivons des bouleversements climatiques sans précédent, ces données historiques nous permettront de mettre en perspective la gravité du présent par rapport à celle de passé, d’étudier notre vulnérabilité changeante à l’égard de celle-ci et d’ainsi mieux faire face aux aléas futurs.
Références :
Bush, D., Slonosky, V., Pearce, G. et Sieber, R. (2021). « Enlisting Students to Transcribe Historical Climate and Weather Data for Research: Building Knowledge Translation Via Classroom-Based Citizen Science ». Journal of Community Engagement and Scholarship, 13(3).
Slonosky, V., Podolsky, L., Smith, R., Bartlett, M., Park, E., Sieber, R., Cullen, J., Burr, G. et Fabry, F. (2019). « From Books to Bytes: A New Data Rescue Tool », Geoscience Data Journal 6(1), 58-73. https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/gdj3.62