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Maman stressée, bébé dépressif?

Une maman stressée ou déprimée pourrait prédisposer ses rejetons à la dépression! Une équipe de recherche internationale, dirigée par Moshe Szyf, chercheur au Département de pharmacologie et thérapeutique de l’Université McGill, avance que les tensions vécues par une mère avant, pendant et après sa grossesse s’imprègnent dans les gènes de son bébé. Plus particulièrement, le stress maternel vient moduler chez l’enfant l’expression de certains gènes qui ont un rôle à jouer dans l’apparition de troubles psychiatriques.

Les tensions vécues par une mère avant, pendant et après sa grossesse s’imprègnent dans les gènes de son bébé.

On retrouve le même principe dans le fait que des traumatismes psychologiques subis durant l’enfance, telle la maltraitance, rendent une personne plus susceptible à l'anxiété, à la dépression et, éventuellement, au suicide. En effet, plusieurs études ont montré que l’environnement imprime sa marque sur les gènes et influence la santé. Cette empreinte dite épigénétique altère la lecture du code génétique, de la même manière que la ponctuation peut modifier le sens d’une phrase.

Dans le cadre du projet Poséidon, des équipes scientifiques du Québec, de l’Italie et de l’Allemagne se sont penchées pour la première fois sur les effets du stress et de l’état dépressif maternels sur les fœtus. Ils ont étudié le génome de femmes dépressives, de singes et de rats stressés et non stressés, et le sang de cordons ombilicaux, à la recherche de marques épigénétiques, telles que la méthylation de l’ADN. Ce mécanisme épigénétique bien connu modifie l’action du gène en lui ajoutant une molécule, appelée groupe méthyle. Cela a pour résultat « d’allumer ou d’éteindre » l’activité du gène. Le professeur Szyf et son équipe ont trouvé de telles marques sur plusieurs gènes impliqués dans la dépression, et ce, chez les trois espèces. Les chercheurs espèrent que ces marqueurs puissent servir un jour à diagnostiquer de façon précoce les candidats à la dépression.