/ La recherche au quotidien / L’ostéoporose frappe moins souvent en Asie ? Faux
Détecteur de rumeurs

L’ostéoporose frappe moins souvent en Asie ? Faux

Le Détecteur de rumeurs est produit par l'Agence Science-Presse, en partenariat avec
les Fonds de recherche du Québec et le Bureau de coopération interuniversitaire

Une vieille croyance veut que les Asiatiques souffrent moins d’ostéoporose — ce qui pourrait s’expliquer, prétendent les adeptes, par le fait qu’ils consomment moins de produits laitiers. Or, indépendamment de la consommation alimentaire, les statistiques médicales racontent une autre histoire, constatent le Détecteur de rumeurs et Extenso.

Les faits

L’ostéoporose est une maladie caractérisée par la perte de masse osseuse, menant à la fragilisation des os qui, du coup, peut augmenter le risque de fracture. Elle se développe lentement et silencieusement, sans qu’on éprouve des symptômes. C’est souvent une fracture du poignet, de la hanche ou des vertèbres, qui trahit la présence de cette maladie.

L’incidence de fracture de la hanche augmente donc avec l’âge, où que l’on soit dans le monde. Toutefois, ce taux de fracture peut varier d’une région à l’autre et entre les groupes ethniques, comme l’ont démontré plusieurs études depuis les années 1990.

C’est ainsi qu’une méta-analyse parue en 2011 et portant sur les taux de fracture de la hanche, montrait une grande variabilité entre pays. Mais pas entre continents. Autrement dit, le taux de fractures pour le continent asiatique — tous les pays inclus — s’avérait similaire à celui observé en Europe. Avec toutefois des variations régionales, les taux allant de très élevés à faibles. Selon d’autres études menées dans les années 1990, les habitants de Hong Kong et de Taiwan présentaient des taux de fracture de la hanche élevés, tandis que ceux de la Chine continentale présentaient les taux les plus faibles.

On notera qu’autant Hong Kong que Taïwan étaient plus densément peuplés et plus industrialisés que la Chine continentale. De fait, l’urbanisation et l’industrialisation pourraient expliquer cette différence, selon les auteurs de cette méta-analyse.

Plusieurs autres facteurs peuvent expliquer les faibles taux de fractures en milieu rural :

  •  Les femmes asiatiques étant de taille plus petite, leur centre de gravité est plus bas et leurs hanches plus étroites, ce qui diminue les risques de chutes et de fractures.
  • Le type d'activités traditionnelles aide également les Asiatiques. Agenouillées sur un matelas pour accueillir un invité, elles se relèvent aussitôt pour servir le thé. À court de légumes, elles vont à vélo jusqu'à l'épicerie. Ces exercices sont excellents pour former des os solides et des hanches fortes.

Si on remonte plus loin dans le temps, des études des années 1980 et 1990 laissent croire que la fréquence des fractures de la hanche aurait effectivement pu être, jadis, plus faible chez les Asiatiques que dans la population caucasienne. Mais si cette différence a existé, elle s’est estompée depuis. En fait, en Asie comme ailleurs, les fractures de la hanche risquent de devenir un problème de santé majeur en raison de l'urbanisation, de la diminution de l'exercice physique et du vieillissement de la population.

Verdict

L’ostéoporose n’est ni plus ni moins moins fréquente en Asie qu’en Amérique du Nord ou en Europe.

Cet article est le fruit d’une collaboration entre le Détecteur de rumeurs et Extenso, site de référence sur la nutrition de l’Université de Montréal.

bandeauDetecteur_siteFinal