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Détecteur de rumeurs

Les odeurs corporelles: ce qu’il faut savoir

Les articles du Détecteur de rumeurs sont rédigés par des journalistes scientifiques de l'Agence Science-Presse.
Les Fonds de recherche du Québec sont partenaires du Détecteur de rumeurs.

Auteur : Agence Science Presse - Kathleen Couillard

Depuis le 1er janvier, les Montréalais peuvent se faire interdire l’accès à certaines bibliothèques si leur hygiène corporelle incommode les autres usagers. Les débats autour de cette décision ont permis au Détecteur de rumeurs de constater qu’on ne connaît pas toujours bien les causes de ces mauvaises odeurs.

Est-ce la faute à la sueur?

Le fait de ne pas se laver a beau être un facteur important, il reste qu’un autre coupable se cache à la surface de notre corps: les glandes apocrines. On les retrouve dans les régions poilues du corps comme les aisselles, la zone génitale et le cuir chevelu. Leur rôle est de produire la sueur, un liquide graisseux composé de protéines, de lipides et de stéroïdes.

Et pourtant, la sueur n’a pas d’odeur lorsqu’elle vient tout juste d’être produite par ces glandes apocrines. C’est lorsque les molécules qui composent la sueur sont dégradées par les bactéries de notre peau, que des mauvaises odeurs sont produites —des composés organiques volatils, dans le jargon des microbiologistes.

Les hommes produisent plus de sueur que les femmes. Mais la génétique peut aussi avoir une influence sur les odeurs corporelles. Par exemple, le gène ABCC11 est nécessaire pour fabriquer une protéine qui transporte les molécules de la sueur. Lorsque ce gène est défectueux, certaines composantes n’atteignent pas la surface de la peau et les bactéries ne peuvent donc pas générer d’odeurs.

Plusieurs experts sont même convaincus qu’en combinant la génétique, l’âge, le sexe et le régime alimentaire, chaque individu aurait une odeur corporelle qui lui serait aussi unique que ses empreintes digitales.

De quelle façon le savon agit-il?

Se laver avec de l’eau et du savon permet évidemment d’enlever les bactéries sur la peau et ainsi, diminuer la production de mauvaises odeurs. Pour la plupart des gens, se laver quelques fois par semaine, surtout après des activités qui produisent beaucoup de transpiration, est suffisant, soulignait un texte de vulgarisation de l’École de médecine de l’Université Harvard en 2021.

Il est également important de laver ses vêtements après chaque utilisation. On peut privilégier des tissus qui respirent davantage comme le coton, la soie et la laine. Le polyester et le nylon sont aussi appropriés pour les vêtements d’exercice, puisqu’ils facilitent l’évaporation de la sueur.

Les déodorants contiennent des produits chimiques qui tuent les bactéries sur la peau. Les antisudorifiques réduisent pour leur part la quantité de transpiration produite. Enfin, le rasage des aisselles permet à la sueur de s’évaporer plus rapidement.

Quelques cas particuliers

Les glandes eccrines, qui se retrouvent un peu partout sur le corps, produisent elles aussi de la sueur mais elles ne sont généralement pas impliquées dans la production des mauvaises odeurs corporelles. Toutefois, elles peuvent causer des odeurs désagréables lorsqu’on mange certains aliments. Par exemple, la digestion de l’ail et des oignons produit des composés contenant du soufre, qui sont ensuite libérés par les pores de la peau.

Les mauvaises odeurs peuvent parfois être le signe d’un problème de santé. Entre autres, certains troubles métaboliques (dont l’obésité et la malnutrition) causent des odeurs qui leur sont propres. C’est aussi le cas de la malaria.

Verdict

Il n’y a donc pas une cause unique aux odeurs corporelles, et certains individus peuvent être génétiquement plus malchanceux que d’autres. Mais reste qu’à ce jour, le savon et les déodorants demeurent les meilleures armes.