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Les limaces, révélatrices de l’invasion biologique

Selon diverses études, une espèce introduite sur 10 deviendrait envahissante et causerait des dommages écologiques, économiques et environnementaux importants, dont la diminution de la biodiversité dans le monde. Pourquoi ? Comment ? La discrète limace pourrait nous fournir des réponses à cet égard. En effet, sur la quarantaine d’espèces de limaces vivant au Canada, la moitié a été introduite au pays de façon accidentelle, notamment lors du transport de marchandises venues de l’étranger. Les limaces sont donc un modèle intéressant à étudier pour mieux comprendre les invasions biologiques.

La limace Arion fuscus est plus abondante dans les forêts perturbées, ce qui suppose que les bouleversements semblent faciliter sa prolifération.

Angélique Dupuch, chercheuse à l’Université du Québec en Outaouais, et Anna Mazaleyrat, son étudiante au doctorat, ont choisi d’analyser la limace Arion fuscus, une espèce introduite qui, en quelques décennies, est devenue très abondante dans les écosystèmes forestiers québécois. Avec leurs collaborateurs, elles ont fait l’inventaire des limaces qui vivent dans les forêts boréales et feuillues de l’Ontario et du Québec, dans des milieux non perturbés et perturbés par des coupes forestières, afin de mesurer l’abondance des limaces Arion fuscus et des espèces indigènes. Résultat : la limace Arion fuscus est plus abondante dans les forêts perturbées, ce qui suppose que les bouleversements semblent faciliter sa prolifération. Angélique Dupuch avance l’hypothèse que la capacité d’adaptation de cette limace serait supérieure à celle des espèces d’ici. Profitant des nouvelles conditions créées par les coupes forestières, les limaces Arion fuscus deviennent plus grosses, ce qui leur permettrait de pondre plus d’œufs et de devenir ainsi plus nombreuses. Les chercheuses suggèrent aussi que plus il y aurait de limaces Arion fuscus, plus il y aurait de concurrence avec les espèces indigènes, qui perdraient alors du terrain.

La recherche se poursuit en laboratoire pour étudier la concurrence que se livrent les limaces Arion fuscus et une espèce indigène, et pour comparer leurs manières de se déplacer à différentes températures et taux d’humidité. En plus de mieux faire connaître les limaces, ces travaux amèneront peut-être des pistes de solution au problème que pose l’invasion biologique.