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Les algues bleu-vert profitent-elles de l’éclairage nocturne?

L’éclairage de nuit augmente de 5 à 10 % par an dans les villes industrialisées, notamment à cause des enseignes lumineuses et des lampadaires de rues. Cette pollution lumineuse empêche les astronomes d’observer les étoiles et nombre de citadins de bien dormir. Plus encore, selon les travaux de maîtrise de Carina Poulin, une étudiante codirigée par Marie-Hélène Laprise, enseignante en techniques de laboratoire au Cégep de Sherbrooke, la lumière nocturne favorise la production de chlorophylle a, un pigment impliqué dans la photosynthèse chez certaines cyanobactéries d’eau douce.

Les cyanobactéries tirent-elles un avantage de la pollution lumineuse?

La question qui se pose alors est la suivante : la pollution lumineuse influence-t-elle d’autres processus ? Compte tenu du fait que ces algues bleu-vert libèrent des toxines qui, en quantité importante, peuvent nuire à la santé humaine et restreindre l’accès aux plans d’eau, il est impératif de bien comprendre leurs mécanismes d’adaptation à la lumière nocturne et à la lumière diurne.

Marie-Hélène Laprise explique que trois protéines régulent le cycle jour-nuit des cyanobactéries. Afin d’étudier la réaction de ces protéines à l’éclairage nocturne, il faut arriver à « voir » comment elles s’expriment dans les cellules. Ne trouvant aucun outil pour les algues bleu-vert, la chercheuse a décidé de produire des molécules appelées « anticorps » qui « reconnaissent » et activent spécifiquement les protéines qui présentent un intérêt. Avec les étudiants de son cours, elle caractérise actuellement l’affinité anticorps-protéines.

Les meilleurs anticorps seront ensuite utilisés en laboratoire pour analyser la réaction moléculaire des cyanobactéries soumises à des luminosités diurnes et nocturnes reproduites artificiellement par un système développé par Yannick Huot, professeur au Département de géomatique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Marie-Hélène Laprise espère ainsi déterminer si les cyanobactéries tirent un avantage de la pollution lumineuse et, le cas échéant, avoir une influence sur la réglementation municipale au sujet de l’éclairage nocturne.