Plus de 100 000 aînés vivant en résidence pour personnes âgées au Québec sont régulièrement confrontés à la perte d’un proche ou d’un membre de leur entourage en raison de leur âge et de leur milieu de vie. Pourtant, les conséquences de cette perte sur leur bien-être psychologique sont peu connues et les études portant spécifiquement sur leur deuil sont quasiment inexistantes.
Si la mort d’un résident est ouvertement discutée dans certains établissements, elle ne l’est pas du tout dans d’autres.
Valérie Bourgeois-Guérin, chercheuse en psychologie à l’Université du Québec à Montréal, a voulu mieux comprendre comment les personnes âgées vivent leur deuil et découvrir ce qui les aide ou leur nuit dans ces moments difficiles. Elle a réalisé des entrevues auprès de 26 personnes âgées de 65 à 95 ans issues de douze résidences pour personnes âgées de Montréal.
Ses travaux montrent que plusieurs aînés voient le deuil comme une occasion de réfléchir à ce qu’ils ont envie de vivre avant leur mort ou de préparer les suites de leur décès. Toutefois, un deuil peut aussi entraîner de la détresse. La chercheuse a notamment constaté que le silence qui entoure parfois la mort d’un aîné dans une résidence peut causer du désarroi chez ses amis et ses voisins. Ceux-ci ne connaissent pas toujours les circonstances du décès de leur camarade et s’inquiètent parfois du fait que leur propre fin sera plongée dans le même silence assourdissant. Or, si la mort d’un résident est ouvertement discutée dans certains établissements, elle ne l’est pas du tout dans d’autres.
Ces résultats ont fait l’objet de communications scientifiques, mais aussi d’échanges avec le personnel et les gestionnaires des résidences. Ils aideront à lever les tabous et à élaborer des approches d’intervention pour soutenir les aînés – mais aussi ceux qui travaillent auprès d’eux – dans les périodes de deuil.