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Le territoire, source de guérison pour les jeunes Innus

Les difficultés que vivent certains jeunes autochtones diffèrent de celles d’autres adolescents, en raison de la crise identitaire à laquelle ils sont confrontés. Or, en matière de protection de la jeunesse, les peuples autochtones du Canada sont assujettis aux mêmes règles que le reste de la population canadienne.

Le territoire est fermement ancré au cœur de l’identité des Innus.

Toutefois, ces régimes tiennent peu compte de la culture autochtone. Les travailleurs sociaux non autochtones méconnaissent les pratiques culturelles de ces nations en matière de gestion des problèmes sociaux, notamment en ce qui a trait à la place du territoire.

Christiane Guay, chercheuse en travail social à l’Université du Québec en Outaouais, a mené une étude visant à décrire les pratiques culturelles des Innus associées aux séjours thérapeutiques qu’ils ont organisés sur leur territoire à l’intention de ces jeunes. Sa recherche repose sur les récits d’une quarantaine de personnes – des aînés, des adultes et des ex-participants à ces séjours. Elle a constaté que le territoire est fermement ancré au cœur de l’identité des Innus.

Un de ces séjours permettait, par exemple, à deux aînés innus (un homme et une femme) d’accueillir six jeunes Innus sur leur territoire pendant trois mois. Ces derniers apprenaient, entre autres, les techniques de chasse, les différents savoirs nécessaires à la survie dans le territoire ainsi que les histoires et les légendes qui font partie du savoir de ces aînés.

Pour les Innus, en particulier les jeunes qui n’ont pas eu la chance de vivre régulièrement dans le territoire, participer à ces séjours se traduit par un retour à leurs racines, par une rencontre avec leurs ancêtres et par un rétablissement des relations avec ce qui constitue l’univers des Innus et qui contribue, de diverses manières, à transformer les jeunes et les moins jeunes sur le plan personnel.

Les résultats fournissent des données importantes que les Innus pourront utiliser pour développer leur propre régime en matière de protection de la jeunesse et négocier des ententes d’autonomie avec le gouvernement du Québec. Ces informations pourraient aussi aider à mettre au point des interventions mieux adaptées.