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Le sexe et le genre de l'Alzheimer

Hommes et femmes sont-ils égaux face à la maladie d’Alzheimer? Non, avance Florencia Iulita, chercheuse postdoctorale au laboratoire de pharmacologie cérébrovasculaire de l’Université de Montréal. Et pas seulement parce que les femmes vivent plus longtemps.

Même si les deux tiers des patients Alzheimer sont des femmes, la majorité des projets scientifiques utilisent des modèles animaux mâles.

En collaboration avec le Women’s Brain Project, une ONG suisse, et l’Alzheimer’s Precision Medicine Initiative, un groupe international de cliniciens et de scientifiques consacré au développement d’une médecine de précision pour l’Alzheimer, la postdoctorante a mené une analyse comparative de la littérature traitant de l’Alzheimer pour trouver des différences entre hommes et femmes. Bien que la question des sexes soit très peu analysée, quelques études montrent des variations importantes dans les facteurs de risques, les symptômes et la progression de la maladie. L’Alzheimer évoluerait entre autres plus vite chez les femmes.

La jeune chercheuse et sa directrice Hélène Girouard se sont intéressées particulièrement à la contribution des facteurs vasculaires – diabète, hypertension, cholestérol et maladies cardiaques –, qui sont des marqueurs de risques pour la maladie. Pour les hommes, les maladies du cœur semblent être la première manifestation vasculaire, alors que pour les femmes, ce sont plutôt les maladies vasculaires du cerveau, telles que l’AVC. Ceci pourrait avoir un impact différentiel entre hommes et femmes dans le risque de développer l’Alzheimer.

Le groupe de chercheurs a aussi constaté que, même si les deux tiers des patients Alzheimer sont des femmes, la majorité des projets scientifiques utilisent des modèles animaux mâles. Du côté clinique, les études se penchent sur des hommes et des femmes, mais sans faire de distinction. Très peu comparent les deux groupes. Celles qui le font, par ailleurs, n’ont souvent pas assez de participantes et participants pour tirer des conclusions claires.

Florencia Iulita espère que ses observations sonneront l’alarme sur l’importance d’étudier l’Alzheimer selon le sexe et le genre et de développer des traitements propres à chaque groupe.