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Détecteur de rumeurs

Le contenu des bacs de recyclage finit au dépotoir ? Faux

Les articles du Détecteur de rumeurs sont rédigés par des journalistes
scientifiques de l'Agence Science-Presse. Les Fonds de recherche du Québec et
le Bureau de coopération interuniversitaire sont partenaires du Détecteur de rumeurs.

Auteur : Agence Science Presse - Valérie Levée

À voir les camions poubelles engouffrer sans ménagement le contenu de nos bacs de recyclage, on peut se demander ce qu’il advient réellement des plastiques, papiers, verres et métaux qu’on y dépose. Ils prennent la route du centre de tri, mais ensuite, ces matières se retrouvent-elles au dépotoir, comme certains le pensent? Le Détecteur de rumeurs déboulonne cette rumeur, chiffres à l’appui.

Presqu’un million de tonnes

En 2018, d’après le bilan de la gestion des matières résiduelles de RECYC-QUÉBEC, les centres de tri du Québec avaient reçu 993 000 tonnes de matières résiduelles.

Toutes ces matières y arrivent pêle-mêle et les centres de tri, comme leur nom l’indique, font le tri.

Opération triage

Le premier tri consiste à séparer ce qui est réellement recyclable de ce qui ne l’est pas. En 2018, sur les 993 000 tonnes reçues, 79 % étaient recyclables et 21% ne l’étaient pas.

Ces 208 000 tonnes de matières résiduelles non recyclables sont allées à l’enfouissement et étaient constituées :

● de matières recyclables mais contaminées, ou de matières combinées (par exemple, plastique et métal) qu’il est difficile de désassembler;
● de matières qui n’auraient pas dû être mises au bac de recyclage, comme des cartons souillés, des mouchoirs, des plastiques non identifiés, des jouets et autres articles qui n’entrent pas dans les catégories des matières recyclables;
● de 78 000 tonnes de verre recyclable, mais qui n’est pas recyclé, qui sert de matériau de recouvrement ou pour aménager des chemins d’accès dans les dépotoirs.

Les 786 000 tonnes de matières recyclables se composaient de :

● 642 000 tonnes de papiers et cartons (82 %);
● 39 000 tonnes de métaux (4 %);
● 59 000 tonnes de plastiques (8 %);
● 45 000 tonnes de verre (6 %).

Un tri plus fin permet de séparer les plastiques selon leurs numéros, les métaux ferreux et l’aluminium, les cartons ondulés et les papiers de bureaux, les cartons de lait…

Matières à vendre

Une fois triées, ces matières ont une valeur et donc un prix, ce qui permet aux centres de tri de les écouler sur le marché du recyclage. Par exemple vers les papetières, les déchiqueteurs de métaux ou les industries du plastique.

Les prix varient selon l’offre et la demande. Par exemple, en septembre 2021 :

● les canettes d’aluminium valaient 1894 $ / tonne;
● le polyéthylène haute densité (PEHD), appelé plastique n°2, valait 1707 $ / tonne;
● les papiers de bureaux, 238 $ / tonne;
● les cartons de lait, 31 $ / tonne.

Quant au verre, les prix sont négatifs et les centres de tri doivent payer pour s’en départir.

55 % de la matière recyclée au Québec

Plus de la moitié (55 %) des 786 000 tonnes de matières triées en centre de tri au Québec trouvent preneurs au Québec.

S’il est vrai que des ballots de papiers sont envoyés à l’international, 48 % re-joignent cependant des papetières québécoises.

De même, 66 % du plastique et 94 % du métal trié sont recyclés au Québec. C’est même 100 % pour le verre. Avec un bémol: le verre trié n’est pas recyclé en verre, mais transformé en abrasifs, matériaux filtrants et divers produits.

Verdict

Si une partie des matières mises au bac ne sont ni recyclées ni recyclables, la majorité du carton, du papier, du plastique, du verre et du métal qu’on y dé-pose, est bel et bien envoyée à une entreprise de recyclage.