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La recherche, une arme contre l’homophobie

Il n’y a pas si longtemps que l’homophobie a droit de cité parmi les sujets de recherche dans les universités francophones du Québec. « Il faut remonter au début des années 2000 », avance Line Chamberland, chercheuse au Département de sexologie de l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche sur l’homophobie.

« À l’époque, des débats sur des sujets comme l’union civile, l’homoparentalité ou la discrimination au travail agitaient la société québécoise, rappelle-t-elle. Un besoin de documenter empiriquement ces sujets se faisait sentir. Des recherches ont, par exemple, démontré que les enfants élevés par des couples homosexuels, composés d’hommes ou de femmes, avaient un développement en moyenne aussi harmonieux que les autres et ne devenaient pas nécessairement homosexuels eux-mêmes. »

Besoin de données

Depuis le début des années 2000, Line Chamberland analyse de près la dynamique exclusion/inclusion des personnes LGBT. Elle a notamment étudié la situation des femmes lesbiennes dans les résidences pour personnes âgées et la discrimination subie par les LGBT à l’école ou au travail.

« Il y avait très peu de données empiriques sur la discrimination au travail envers les personnes LGBT ou sur la prégnance des préjugés liés à l’orientation sexuelle et au genre dans les différents milieux d’emploi au Québec », note la chercheuse.

Un tournant survient en 2005-2007 avec les travaux du Groupe de travail mixte contre l’homophobie, auquel elle contribue activement avec son collègue Bill Ryan, professeur de travail social à l’université McGill. L’égalité juridique entre les hétérosexuels et les homosexuels est enfin reconnue, mais la discrimination demeure. Les chercheurs, les groupes communautaires et le gouvernement prennent alors conscience de la richesse qu’il y a à collaborer pour mieux comprendre ces dynamiques.

Les groupes communautaires, par exemple, témoignent de ce qu’ils voient sur le terrain, alors que les chercheurs proposent des projets de recherche pour documenter empiriquement certaines discriminations que subissent les LGBT au Québec. Le tout afin de déterminer les pistes de solution les plus aptes à favoriser l’inclusion.

Des impacts dans les milieux

Encore aujourd’hui, les données générées par la recherche sont utilisées à la fois par les groupes LGBT pour étayer leurs revendications et par le gouvernement pour guider ses interventions et l’adoption de nouvelles lois.

Les données produites par Line Chamberland dans ses recherches sur l’homophobie à l’école ont, par exemple, servi à convaincre le gouvernement d’inclure l’intimidation en raison de l’orientation sexuelle dans son projet de Loi visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école. Elles ont aussi été utilisées pour sensibiliser les milieux scolaires à la nécessité d’adapter certains services d’aide offerts aux élèves et aux étudiants.

Les efforts de Line Chamberland ne sont pas passés inaperçus. Elle a notamment remporté le Prix Honoris du Conseil québécois LGBT en 2013 et le Prix Phenica de la Chambre de commerce gaie du Québec en 2012. Elle espère maintenant que l’ouverture à l’ensemble de la diversité sexuelle continuera de progresser au Québec, car la discrimination contre les transgenres, notamment, demeure très forte.


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