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La « peur de soi » à l’origine de certains TOC

Vous vérifiez dix fois si votre four est bien éteint ? Vous rangez vos boîtes de conserve en ordre alphabétique ? Vous avez une peur bleue des microbes ? Vous souffrez probablement d’un trouble obsessionnel compulsif ou TOC, une maladie psychologique qui touche 750 000 Canadiens et Canadiennes. Chez 40 % d’entre eux, la thérapie cognitive comportementale n’arrivera pas à contrôler les comportements obsessifs. Selon Frederick Aardema, chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, une partie de la solution serait de traiter la « peur de soi », qui n’est pas prise en compte actuellement par la thérapie.

La « peur de soi » se trouverait à l’origine de plusieurs sous-types de TOC, notamment l’obsession agressive ou phobie d’impulsion.

La « peur de soi » se trouverait à l’origine de plusieurs sous-types de TOC, notamment l’obsession agressive ou phobie d’impulsion. Les gens souffrant de ce TOC s’empêcheront, par exemple, de se retrouver en présence d’enfants, car ils sont convaincus d’être des agresseurs. D’autres n’auront pas de couteaux chez eux, de peur de les utiliser comme arme contre quelqu’un. À la base, ces individus ont développé une « peur de soi », soit la crainte de ce qu’ils pourraient devenir ou faire s’ils suivaient leurs pensées imaginaires.

Frederick Aardema et son équipe ont développé un questionnaire pour diagnostiquer et changer cette mauvaise perception du soi-même, en se basant sur une revue de littérature et des études cliniques. Ils ont ensuite testé leur approche thérapeutique auprès de 93 patients, afin de valider si elle permet non seulement de diminuer la peur de soi, mais aussi d’améliorer les symptômes d’obsession compulsive. Et cela semble le cas. En combinant le questionnaire à la thérapie cognitive comportementale, les patients arrivent à mieux distinguer les doutes obsessionnels issus de leur imagination des doutes normaux, et à contrôler plus efficacement leur TOC.

Cette approche pourrait également être utilisée pour traiter des désordres alimentaires, l’anxiété et les troubles dysmorphiques – obsession sur un défaut imaginaire physique –, parce qu’ils sont également liés à une peur de soi-même.

Pour participer sans frais à une étude du chercheur sur les TOC, contacter Philippe Valois par courriel (pvalois.iusmm@ssss.gouv.qc.ca) ou par téléphone (514 251-4015, poste 3585).