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La défense de la patate

En 2002, les producteurs de pommes de terre ont essuyé des pertes de 16 à 17 millions de dollars à cause de la gale commune. Pas parce que cette maladie empêche les patates de pousser, mais parce qu’elle les rend moins alléchantes aux yeux des consommateurs et plus difficiles à transformer en frites. La seule arme disponible : un fongicide coûteux, très toxique et peu performant. La science s’en mêle avec Nathalie Beaudoin, professeure au Département de biologie de l’Université de Sherbrooke, qui veut développer une technologie unique pour rendre les pommes de terre résistantes à la gale commune.

Nathalie Beaudoin et son équipe ont pris le pari de créer des pommes de terre adaptées à la toxine.

La maladie se propage par une bactérie du sol qui utilise une toxine pour infecter et défigurer les pommes de terre, mais aussi les carottes, les navets et les betteraves. Sa signature : des croûtes à la surface des tubercules qui les rendent invendables. Nathalie Beaudoin et son équipe ont pris le pari de créer des pommes de terre adaptées à la toxine, afin de les rendre résistantes à la gale. Ils ont donc cultivé des cellules de patates avec des doses progressivement plus fortes de toxine. Ces cellules ont ensuite servi à produire des plantes qui ont donné des tubercules. Ces derniers ont été exposés à la bactérie de la gale et la biologiste a constaté que leur résistance avait augmenté de 20 %.

Des analyses protéomiques – qui ciblent les protéines – expliquent ce résultat par un effet de type « vaccin » : les mécanismes de défense de la patate issue de cellules adaptées à la toxine s’enclenchent plus rapidement. Nathalie Beaudoin poursuit ses analyses pour identifier les autres facteurs causant la gale. En effet, des espèces résistantes à la toxine développent tout de même la maladie… Un mystère à suivre !