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Jeux vidéo : attention à votre matière grise!

Les jeux vidéo sont-ils bénéfiques ou néfastes pour notre cerveau ? Voilà l’éternelle question à laquelle tentent de répondre les chercheurs. Selon Gregory West, professeur au Département de psychologie de l’Université de Montréal, certains jeux vidéo peuvent améliorer notre attention visuelle et notre mémoire à court terme, alors que d’autres compromettent la qualité de notre mémoire spatiale. Plus particulièrement, le psychologue a montré que les jeux de tirs à la première personne, du type Call of Duty, affaiblissent l’hippocampe, cette partie du cerveau qui nous aide notamment à nous orienter dans l’espace. Inversement, les jeux en 3D de type Mario Bros stimulent cette structure du cerveau, probablement en encourageant le joueur à utiliser divers repères pour se déplacer dans un monde virtuel.

Le psychologue a montré que les jeux de tirs à la première personne, du type Call of Duty, affaiblissent l’hippocampe.

En collaboration avec Véronique Bohbot, professeure de psychiatrie à l’Université McGill, Gregory West a utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour scanner le cerveau de 51 hommes et de 46 femmes. Dans une première étude, les chercheurs ont comparé des joueurs avec des non-joueurs. Plus récemment, ils ont analysé les participants avant et après qu’ils aient tous joué à Call of Duty ou à Super Mario Bros à raison de neuf heures par semaine pendant 10 semaines. Les images obtenues sont éloquentes : 85 % des joueurs d’action utilisent leur noyau caudé. Cet ensemble de cellules nerveuses enregistre nos habitudes et nous permet de revenir du bureau à la maison en mode « pilote automatique ». Ils ont également moins de matière grise dans leur hippocampe. Selon Gregory West, certains éléments dans l’architecture des jeux de tirs poussent les joueurs à utiliser leur mode automatique (noyau caudé) plutôt que leur mémoire spatiale (hippocampe). À la longue, leur hippocampe est moins sollicité, s’affaiblit et s’atrophie.

Le hic ? Cette perte de matière grise est associée à un risque accru de maladies mentales comme la dépression, la schizophrénie ou l’Alzheimer. Évidemment, les conséquences dépendent du nombre d’heures passées à jouer, et c’est précisément ce que le chercheur veut déterminer dans une prochaine étude. Il souhaite également s’asseoir avec les concepteurs de jeux de tirs pour voir comment stimuler la matière grise au lieu de la mettre en veille.