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Éliminer la toxique berce du Caucase

Un million de dollars ont été investis récemment dans la région Chaudière-Appalaches pour traquer une plante ornementale qui, sous son apparence inoffensive, cache une sève toxique qui brûle la peau au deuxième degré. Il s’agit de la berce du Caucase, une herbacée vivace qui domine les rives, les champs et les plates-bandes du haut de ses tiges de deux à cinq mètres. Des équipes de « traqueurs », gantés et protégés par une combinaison jetable, sillonnent la région pour les arracher, plant par plant. Ce genre de lutte est efficace. Elle a permis, entre autres, de réduire considérablement une population de berces le long d’un ruisseau : sur 50 000 plants, il n’en restait que 700 à 800 en 2017.

La berce du Caucase est probablement la seule plante envahissante qui régresse actuellement au Québec.

La berce du Caucase fait partie des 50 plantes envahissantes du Québec identifiées par Claude Lavoie, chercheur au Centre de recherche en aménagement et développement de l’Université Laval. Il a été l’un des premiers à s’intéresser à cette plante originaire du Caucase (entre la Géorgie et les républiques russes) et à signaler le danger que présente son invasion. En analysant la signature génétique de la plante, le biologiste et son équipe ont pu identifier trois pôles d’invasion : la région Chaudière-Appalaches–Saguenay, le Sud-Ouest du Québec (de Trois-Rivières à Gatineau) et le Bas-Saint-Laurent–Témiscouata. Cette vivace aurait été importée au Québec vers 1978 par des horticulteurs amateurs.

Les chercheurs ont aussi mieux compris comment la plante arrive à coloniser aussi rapidement autant de terrain : les graines – de 14 000 à 16 000 par plant – se disséminent par le vent, mais aussi par l’eau. Elles profitent notamment des crues printanières pour voyager sur des kilomètres de distance !

Heureusement, grâce aux travaux de Claude Lavoie et à ses efforts pour la faire connaître aux Québécois, la berce du Caucase est probablement la seule plante envahissante qui régresse actuellement au Québec. Nicolas Trottier, qui étudie avec Claude Lavoie, est le premier à avoir signé un article scientifique sur la présence de la berce du Caucase en Amérique du Nord et a même fondé une entreprise spécialisée dans la lutte contre cette plante nuisible.