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Donner aux algues leurs lettres de noblesse

Il existe plusieurs types d’algues dans le golfe du Saint-Laurent, comme la laminaire sucrée et l’ascophylle noueuse. Dans certaines régions du Québec, leur biomasse a été estimée à plusieurs centaines de tonnes par kilomètre de côte. Malgré son abondance – le littoral de la province s’étend sur plus de 6000 kilomètres –, cette ressource naturelle a historiquement été ignorée, faute de connaissances et de savoir-faire pour la valoriser. C’est pourquoi Éric Tamigneaux, professeur à l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec du Cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine (CGÎM), chercheur industriel chez Merinov, un centre d’innovation de l’aquaculture et des pêches du Québec, et récipiendaire du Prix d’excellence du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT) en 2018, s’affaire à bâtir une expertise québécoise dans l’exploitation des algues.

La province se taille petit à petit une place de choix dans le marché mondial des algues.

La quinzaine de travaux pilotés par le chercheur depuis 2004 porte sur l’optimisation des techniques de culture sur cordage de diverses macroalgues en Gaspésie, de même que sur leur transformation en produits alimentaires, comme des craquelins et des croustilles. Au fil des ans, lui et son équipe ont concentré leurs efforts sur des espèces comme la laminaire sucrée, le wakamé atlantique et la main-de-mer palmée, dont ils ont adapté la production aux rigueurs de l’hiver. Ils ont en outre amélioré la mécanisation des opérations d’algoculture en mer et créé le tout premier groupe témoin sensoriel d’experts formés sur les algues alimentaires au Canada.

Ces recherches appliquées, menées avec de nombreux partenaires tels que l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’Université Laval et Ressources Aquatiques Québec, deux regroupements stratégiques soutenus par le FRQNT, ont contribué à la naissance au Québec d’une jeune industrie algale constituée d’une trentaine de PME. Des entreprises se spécialisent désormais dans l’algoculture, notamment grâce à la création d’un nouveau cours sur le sujet offert dans le cadre du diplôme d’études collégiales en techniques d’aquaculture du CGÎM. D’autres misent sur l’appétit grandissant des consommateurs pour les aliments à base d’algues, considérés comme sains pour la santé, écologiques et dotés de qualités organoleptiques uniques. Ce faisant, la province se taille petit à petit une place de choix dans le marché mondial des algues, largement dominé par des pays asiatiques.