La biomasse forestière, principalement celle qui provient des résidus de coupe est encore peu utilisée au Québec. Elle représente de loin la plus grande source de bioénergie du Québec pour les prochaines décennies. Elle est immédiatement disponible, son coût de production est bas, et sa rentabilité est élevée comparativement à la production venant de plantations forestières ou agricoles dédiées à la bioénergie.
De plus, son intensité en carbone est extrêmement faible : elle ne cause pas d’émissions indirectes par changement de l’utilisation du territoire et ne requiert généralement pas d’engrais azoté ou de traitements coûteux en énergie pour sa production. Pour que cette source d’énergie soit considérée comme durable et permettre le développement de cette forme d’énergie et son acceptabilité sociale, son extraction ne doit pas affecter négativement le fonctionnement de l’écosystème forestier. Ce projet s’intéresse aux effets de la récolte des résidus de coupe forestière sur les sols et sur la productivité de la forêt.
Objectifs
Le présent projet propose d’évaluer comment la présence et la quantité de résidus de coupe influencent la productivité du sol et la performance des semis reboisés en testant l’importance des paramètres de sensibilité que sont 1) les caractéristiques de site et 2) les espèces reboisées, et en déterminant les effets relatifs des résidus sur 1) la végétation accompagnatrice, 2) le microclimat, et 3) la fertilité du sol.
Résultats
Trois ans après la plantation, l’effet des résidus de coupe ne se fait pas sentir sur la productivité. L’effet sur la fertilité du sol est mineur à ce stade. On constate cependant un effet généralement négatif sur le microclimat du sol et un effet positif pour la croissance des plants sur la compétition. Ces deux effets semblent s’annuler. Il faudra poursuivre l’observation sur une plus longue période car les résultats du stress hydrique indiquent que les sites à texture grossière pourraient bénéficier d’une certaine couverture de résidus. L’effet de la distribution des résidus de coupe a été étudié dans plusieurs plantations déjà établies.
Après sept années, les résidus laissés en andains stimulent la croissance d’arbres à croissance rapide mais pas celle de conifères. Une explication possible est que les arbres à croissance rapide produisent des racines sous les andains et peuvent exploités ces zones à l’abri de la compétition végétale. L’effet des résidus distribués en andain favoriserait une meilleure productivité à l’hectare pour ces types de plantations. Par contre l’effet sur les conifères étant nul, la présence de ces andains se traduit par une perte de productivité forestière et justifierait l’utilisation de la biomasse à moins que ces sites soient pauvres en matière organiques et aient une texture grossière.
Finalement la présence d’andains favorisent la production rapide de plantes à fleurs et la répartition des résidus de coupe laissés sur le parterre pour des besoins de conservation aurait avantage à être laissé en andain plutôt que répartie uniformément afin de produire des conditions uniques propices à certains éléments de la flore et la faune en particulier aux insectes pollinisateurs.
Retombées actuelles et prévues
Les résultats fournissent les premières pistes pour une utilisation durable de la biomasse forestières. Ils permettent d’envisager dans quels conditions leur utilisation est durable et de formuler les premières recommandations sur les quantités et la répartition des quantités de résidus de coupe à laisser au terrain pour maintenir la durabilité de l’écosystème forestier.
Chercheur principal : Christian Messier, Université du Québec à Montréal
Titre original : Aspects environnementaux de la récolte des résidus forestiers comme source d'énergie