Mai 2010. Une maison est emportée par un glissement de terrain à Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe. Un couple et ses deux filles trouveront la mort, ensevelis sous plusieurs mètres de boue. C’est pour éviter de telles catastrophes qu’Ariane Locat, professeure au Département de génie civile et de génie des eaux de l’Université Laval, travaille avec le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports du Québec et le ministère de la Sécurité publique du Québec à démystifier ces grands glissements de terrain appelés « étalements ».
Les glissements produisent rapidement, sans signes avant-coureurs, selon un processus qui demeure mal compris.
Ceux-ci surviennent dans les argiles sensibles de l’est du Canada et touchent des superficies de plus d’un hectare. Ils se produisent rapidement, sans signes avant-coureurs, selon un processus qui demeure mal compris. Ariane Locat étudie l’hypothèse selon laquelle le sol se disloque à la suite d’une rupture progressive causée par l’érosion ou par une intervention humaine qui débute au pied d'une pente et se propage horizontalement. Autrement dit, sous l’effet d’une contrainte, le sol atteint sa résistance maximale et cède, créant un effet domino.
Afin de vérifier sa théorie, la chercheuse récolte des échantillons de sols qu’elle place dans un appareil de cisaillement annulaire qu’elle a adapté pour étudier le comportement de divers types d’argiles. Cet outil de laboratoire, paramétré avec des données récoltées sur les anciens étalements, tente de reproduire les conditions observées dans la nature en appliquant une charge pour déformer l’échantillon. Ariane Locat et son équipe utiliseront les observations de terrain et de laboratoire pour développer des modèles qui permettront d’expliquer la mécanique de ces étalements dévastateurs et d’identifier les zones les plus à risque. La chercheuse croit par ailleurs que son concept pourra aussi être adapté à la liquéfaction des sables et aux avalanches.