/ La recherche au quotidien / Des microbes pour mieux savonner
Capsules

Des microbes pour mieux savonner

Les micro-organismes sont la clé pour nettoyer plus sainement, affirme Louis Tessier, professeur en biotechnologies au Collège Shawinigan et chercheur au Centre national en électrochimie et en technologies environnementales, le centre de transfert technologique du collège. Sa mission : amener les entreprises québécoises à remplacer les composés chimiques des produits de nettoyage par une solution écologique qui renferme des bactéries et des levures.

Plusieurs entreprises désirent acquérir le bioprocédé qui semble productif et abordable.

La plupart des savons et des détergents contiennent un ingrédient actif qui donne l'aspect mousseux et qui a le pouvoir de déloger la saleté. Comme ils sont issus du pétrole, ces composés chimiques tensioactifs ou surfactants, aussi appelés « agents de surface », sont difficilement biodégradables et potentiellement toxiques. Plusieurs entreprises aimeraient les remplacer afin de proposer des produits certifiés « écologiques » au consommateur. En partenariat avec l'industrie, Louis Tessier tente donc de produire à grande échelle des biosurfactants dont le potentiel détergent a été prouvé par des recherches fondamentales.

En laboratoire, le microbiologiste chouchoute des micro-organismes dans un bioréacteur afin qu'ils se multiplient. Ensuite, il change brusquement les conditions optimales de culture : cette stratégie pousse les micro-organismes à produire des molécules de défense, notamment des surfactants. À l'aide d'un procédé de nanofiltration, le chercheur peut récolter ces molécules et les concentrer. Il produit ainsi des biosurfactants à partir de bactéries et de levures. Ces composés non toxiques et digestibles se dégradent à 95 % après 14 jours, et il en faut 100 à 1 000 fois moins que les surfactants chimiques pour avoir un même pouvoir nettoyant.

Plusieurs entreprises désirent acquérir le bioprocédé qui semble productif et abordable. Selon Louis Tessier, le coût de production des biosurfactants n'est pas encore aussi compétitif que celui des molécules chimiques, mais on y est presque !