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Décoder les mécanismes de la lecture pour aider les dyslexiques

L’être humain lit depuis des millénaires. Pourtant, la science ne sait pas encore vraiment comment notre cerveau déchiffre les mots et pourquoi, dans certains cas, il les décode difficilement. Saisit-on intuitivement un mot d’un seul coup ou lit-on inconsciemment une lettre à la fois, de gauche à droite, à la manière de l’écriture ? Aucune de ces réponses, avancent les travaux de Martin Arguin, professeur au Département de psychologie de l’Université de Montréal. Le chercheur a plutôt observé que les lecteurs normaux lisent d’abord les lettres au centre du mot puis la première lettre, alors que les dyslexiques portent leur attention sur la fin du mot en premier. Sa découverte, qui va à l’opposé des théories en cours, met en lumière un biais attentionnel qui rend les dyslexiques moins performants en lecture. Plus encore, en utilisant une technique élaborée dans son laboratoire, Martin Arguin a remarqué que lors de la lecture, les neurones se synchronisent à des fréquences précises chez la plupart des lecteurs, sauf chez les dyslexiques qui utiliseraient des fréquences très différentes.

Le chercheur a plutôt observé que les lecteurs normaux lisent d’abord les lettres au centre du mot puis la première lettre, alors que les dyslexiques portent leur attention sur la fin du mot en premier.

À la suite de ces observations, le chercheur a évalué les bénéfices d’un entraînement attentionnel à l’aide du logiciel NeuroTracker. Jusqu’à maintenant, les résultats montrent une meilleure performance de lecture. Toujours dans l’optique d’aider les dyslexiques, mais aussi les mauvais lecteurs, Martin Arguin travaille à développer une nouvelle police de caractères mieux adaptée à notre système visuel. Celle-ci rend notamment plus évidentes les différences entre les lettres qui se ressemblent, comme p et q. Selon les premiers essais, cette super police permettrait à un lecteur aguerri d’augmenter de 14 % sa vitesse de lecture. La prochaine étape : tester cette police auprès des dyslexiques. Une école de Gatineau désire l’utiliser avec ses élèves atteints de ce trouble pour en mesurer les bénéfices à long terme.