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De quoi vivent les poètes?

Le droit d’auteur doit encourager la créativité en assurant aux écrivains qu’ils seront rémunérés pour leurs œuvres. Pourtant, dans le cas des poètes, il est loin d’être une ressource suffisante pour soutenir leur production artistique.

Les redevances, les paiements des revues littéraires et les droits d’auteur ne fournissent que 11 % des revenus littéraires, soit quelque 1500 $ par année.

Eli MacLaren, chercheur en littérature à l’Université McGill, a sondé 50 poètes canadiens pour savoir d’où viennent leurs revenus. Le résultat est clair : les prestations qu’ils reçoivent directement de la vente des copies autorisées de leurs œuvres sont plutôt négligeables. En fait, les redevances, les paiements des revues littéraires et les droits d’auteur ne fournissent que 11 % de leurs revenus littéraires, soit quelque 1 500 dollars par année.

Plus de la moitié (56 %) de leurs revenus liés à l’écriture provient de subventions publiques. Les prix littéraires, les séances de lecture, la direction de revues, les résidences d’écriture et le travail de jury lors de concours littéraires jouent aussi un rôle financier important. Enfin, chaque année, le Conseil des arts du Canada verse aux auteurs des montants à titre de compensation pour l’accès gratuit à leurs livres dans les bibliothèques publiques. En 2015-2016, par exemple, 21 000 auteurs se sont partagé 9,8 millions de dollars, soit 568 dollars chacun en moyenne.

Selon le chercheur de McGill, l’augmentation du nombre de lecteurs et la circulation des œuvres s’avèrent tout aussi importantes que les droits d’auteur pour stimuler le travail des poètes. Or, favoriser la hausse du lectorat et la circulation des œuvres passe souvent par des mesures comme la baisse du prix des livres ou la reproduction gratuite des œuvres, ce qui semble aller à l’encontre du droit d’auteur.

Pour résoudre cette équation, un modèle en vertu duquel le livre est protégé dans un premier temps par le droit d’auteur, puis circulé librement dans un deuxième temps, serait en émergence. Ces deux phases contribueraient, à leur façon, au revenu et à la créativité du poète.