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De l’insuline contre le glaucome

Quelque 60 millions de personnes dans le monde souffrent de glaucome, une maladie de l’œil qui attaque la rétine et le nerf optique, puis la vision. Le glaucome est d’ailleurs la principale cause de cécité irréversible, car il n’existe actuellement aucun moyen de le guérir. Mais si on pouvait freiner la dégénération de l’œil, la prévenir et, pourquoi pas, la renverser ? C’est le pari fou qui motive Adriana Di Polo, chercheuse en neurosciences au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, depuis des années. Un pari qu’elle pourrait bien être en voie de gagner : elle a réussi à régénérer les neurones optiques de souris affectées par le glaucome avec des gouttes d’insuline !

Il faudra d’autres études pour comprendre comment l’insuline restaure les dendrites et pour tester sa sécurité et son efficacité chez l’humain.

Pour en arriver là, la biologiste et son équipe ont d’abord tenté de mieux comprendre l’origine de la maladie. Les scientifiques savent que la perte de vision est causée par la mort des neurones de la rétine. Mais que se passe-t-il avant ? En analysant des modèles de souris, les chercheurs ont observé qu’à la suite d’une lésion du nerf optique ou d’une augmentation de la pression de l’œil (facteur de risque le plus important pour développer le glaucome), les dendrites rétrécissent. Les dendrites sont une sorte d’antenne attachée à chacun des neurones. Elles permettent à ces derniers de communiquer entre eux. Lorsque ces antennes sont rétractées, l’information de l’œil ne se rend pas à notre matière grise.

Se basant sur ses précédents travaux, la chercheuse a tout de suite pensé que l’insuline pourrait « réparer » les antennes. Elle en a donc fait l’essai sur des souris, pour constater avec joie que l’insuline régénère les dendrites et rétablit la communication entre les neurones.

S’il s’agit d’une lueur d’espoir pour les personnes atteintes de glaucome, il faudra d’autres études pour comprendre comment l’insuline restaure les dendrites et pour tester sa sécurité et son efficacité chez l’humain.

Comme le rétrécissement des dendrites joue aussi un rôle dans l’Alzheimer et le Parkinson, la thérapie à l’insuline pourrait potentiellement s’appliquer à ces maladies.