C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Louise Dandurand, une femme qui a marqué le milieu de la recherche académique au cours des trente dernières années au Québec. Elle a occupé plusieurs postes stratégiques au sein d’institutions et d’organismes de l’écosystème de recherche, un terme qui lui était cher pour exprimer toute la richesse et l’interdépendance des acteurs de la science et de la recherche québécoises.
J’insisterai ici sur son passage au Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC), à titre de présidente-directrice générale, de juin 2001 à octobre 2006. Dans le cadre de la refonte des fonds subventionnaires québécois en 2001, elle est devenue la première présidente du FQRSC, qui prenait la relève des responsabilités du Conseil québécois de la recherche sociale (CQRS) et d’une partie de celles du Fonds pour la formation de chercheurs et l’aide à la recherche (Fonds FCAR). Elle a ainsi dirigé un nouveau fonds, avec une approche novatrice dans le soutien à la recherche et à la formation à la recherche en sciences sociales et humaines, en arts et en lettres, sur la base de domaines de recherche permettant ainsi de favoriser l’interdisciplinarité en recherche. Elle écrivait dans l’Annuaire du Québec 2007 « Si la reconnaissance de l’apport des sciences sociales et humaines, des arts et des lettres va s’accroissant, le plein potentiel de leur contribution à une économie basée sur l’innovation et à une société fondée sur le savoir doit s’affirmer avec force et se traduire pleinement dans le système de recherche et d’innovation. »
Tout au long de sa présidence, Louise a su mener d’une main de maître la destinée du FQRSC. Celui-ci lui doit de grands pans de la programmation encore en cours aujourd’hui, que l’on pense aux programmes Soutien aux équipes de recherche dans sa forme actuelle, Regroupements stratégiques, ou aux programmes de soutien à la relève. Elle a innové, en mettant en place pour la recherche-création un programme spécifique qui a permis une reconnaissance concrète de l’importance de ce champ de recherche. Sur ce plan, le FQRSC a fait figure de pionnier, et servi de source d’inspiration pour son vis-à-vis fédéral, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH). Louise a été très active durant toutes ces années pour promouvoir l’innovation sociale, tant comme objet de la recherche que sa résultante.
Au cours des dernières années, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur l’expertise de Louise comme membre de mon comité des sages, un comité que je consulte et réunis occasionnellement pour échanger sur des questions stratégiques. Sa fine analyse des politiques scientifiques, sa vision avant-gardiste de la recherche publique et sa juste lecture de l’écosystème m’ont été des plus précieuses. Il va sans dire que les collaborations entre l’Association francophone pour le savoir – Acfas et les Fonds de recherche du Québec au cours de la période où elle en a été la présidente ont été très stimulantes.
Louise Dandurand a été une des plus grandes défenseures de la recherche publique au Québec et du rôle des Fonds de recherche du Québec dans l’écosystème québécois.
En mon nom personnel et au nom du personnel des trois Fonds de recherche du Québec, nous regrettons son départ prématuré, et présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Rémi Quirion
Scientifique en chef du Québec
