Malgré les avancées scientifiques, la médecine ne peut toujours pas diagnostiquer la maladie d’Alzheimer (MA) avant que le patient ne présente des signes de démence. Or, à ce stade, la maladie a malheureusement endommagé de façon très sévère les tissus cérébraux – trop sévère en fait pour qu’on puisse réellement espérer inverser le processus.
Pour mener à bien des actions efficaces, l’idéal serait de pouvoir diagnostiquer la MA très tôt et même avant l’apparition des premiers symptômes. Des biomarqueurs permettent d’évaluer la gravité des dommages cérébraux – par exemple, la matière grise s’atrophie et les fibres de matière blanche se détériorent. Ces biomarqueurs structuraux ne permettent cependant pas de déterminer quels individus développeront la MA, alors que d’autres personnes, présentant les même dommages, y échapperont. C’est qu’une importante pièce du puzzle manque encore : nous ne savons pas comment le cerveau peut maintenir une activité cognitive intacte malgré la progression bien visible des dommages structuraux chez certaines personnes.
Pierre Bellec a conçu un programme de recherche qui s’attaque directement à cette problématique. Comment ? En observant la cohérence spatiale de l’activité cérébrale spontanée, alors que le sujet se repose ; et ce, grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), une technologie capable de capturer l’organisation fonctionnelle des réseaux cérébraux.
À cette fin, il a recours à de nouvelles méthodes d’analyse en IRMf, à partir desquelles il se propose de mesurer la plasticité des réseaux fonctionnels en réponse à la MA. Puis, à l’aide de biomarqueurs fonctionnels dédiés, il identifiera quels changements structuraux sont associés à de réels déficits fonctionnels et, partant, à l’évolution vers la MA. Il devrait s’ensuivre, espère-t-il, une meilleure compréhension des interactions entre changements structuraux et changements fonctionnels, avec comme résultat une identification plus précoce et plus fiable des patients à haut risque de développer la MA.