Serait-il envisageable de développer, dans un avenir rapproché, des stratégies nutritionnelles qui nous assureraient un vieillissement cognitif réussi ? Au stade actuel des connaissances, difficile de répondre ; mais c’est à ce type d’applications que pourraient mener les données probantes que compte récolter Mélanie Plourde dans son programme de recherche.
D’entrée de jeu, la chercheuse table sur une donnée déjà acquise quant à la nutrition et au vieillissement, à savoir que la consommation de poisson contenant des acides gras oméga-3 (LC-oméga-3) est associée à une diminution du risque de déclin cognitif. Tout n’est cependant pas aussi clair qu’on le souhaiterait, et notamment sur le plan de la distribution des LC-oméga-3. Comme l’a observé Mélanie Plourde, la forme epsilon 4 de l’apolipoprotéine E (APOE4), de même que le vieillissement, engendrent un dérèglement de cette distribution. Or, il se trouve que l’on reconnaît actuellement l’APOE4 comme le plus important facteur de risque génétique de la maladie d’Alzheimer. La chercheuse pose donc l’hypothèse
que ce dérèglement même pourrait contribuer de façon importante au déclin cognitif apparaissant au cours du vieillissement, et elle espère en faire la démonstration.
Pour y arriver, elle entreprendra d’abord d’évaluer si la distribution des LC-oméga-3 dans les lipoprotéines est modifiée avec l’âge et chez les porteurs de l’APOE4. Elle vérifiera ensuite s’il existe, chez l’humain et chez la souris transgénique porteuse de l’APOE4 humaine, un lien causal entre la cognition et une diète enrichie en LC-oméga-3. Elle évaluera enfin si la biodisponibilité et le transport des LC-oméga-3 contribuent à changer les fonctions physiologiques des organes et des tissus de la souris transgénique porteuse de l’APOE4 humaine.